Ordonnance de Non-Prescription Ciblée : une solution contre l’antibiorésistance
Résumé de soumission
Contexte :
L’antibiorésistance partage un certain nombre de caractéristiques avec les questions de protection de l’environnement : la plupart des acteurs sont convaincus de la réalité du problème, nombre d’entre eux, savent ce qu’il faudrait faire, mais la transformation en comportements vertueux se fait attendre.
L’URPS Médecins, en partenariat avec l’ARS et le CRAHIF, ont donc initié une recherche visant à identifier si des interventions en sciences comportementales recourant aux nudges permettrait d’améliorer l’efficience de la prescription des antibiotiques par les médecins généralistes. Sont ainsi testés actuellement 5 types d’intervention différentes : aucune, scientifique informative, optimiste, dramatique et déresponsabilisante. Nous souhaiterions ainsi ajouter une intervention en ayant recours à l’ordonnance de non prescription ciblée. Les médecins vus dans le cadre de notre intervention actuelle ont ainsi fait part que, si l’idée de l’ordonnance de non prescription est bonne, son format est aujourd’hui inadapté faut de connaître les arguments efficaces pour les patients sur-demandeurs d’antibiotiques mais également pour les médecins sur-prescripteurs.
Une enquête préliminaire financée par l’ARS a permis de déterminer que près de 40% des médecins généralistes interrogés (N=127) ont été confrontés à une pression du patient pour obtenir des antibiotiques même sans ordonnance (Union régionale des professionnels de santé – Haut de France, septembre 2021).
Objectif :
Ce projet propose de donner aux prescripteurs et aux patients les outils pour aborder la problématique en utilisant les apports de l’économie comportementale. Parmi ces outils, il s’agit notamment de délivrer une ordonnance de non-prescription adaptée au patient lorsque, dans une pathologie infectieuse, un traitement antibiotique n’est pas nécessaire. L’économie comportementale combine les théories économiques et psychologiques. Amener les individus à choisir les comportements qui sont les plus cohérents avec les préférences individuelles de long terme ou avec le bien commun sont définis comme des nudges.
Un point essentiel du développement de ce projet est donc d’établir différents types de prescripteurs (par exemple certaines dispositions ou traits psychologiques qui les amènent à plus facilement céder à la pression des patients) et différents types de patients, pour proposer des messages ou interventions de non-ordonnance bien ciblés et efficaces.
Ainsi, le projet ici vise à instaurer un double « nudge » à travers l’ordonnance de non-prescription. D’une part, on cherche à influencer le prescripteur en lui offrant un outil d’évitement d’une non-prescription trop évidente, et on cherche à influencer le patient par la délivrance d’une ordonnance (effet symbolique, illusion de contrôle) ainsi qu’à mieux l’informer sur les antibiotiques et les conditions de leur prescription.
Méthode :
Recrutement par les attachés d’information des médecins
Perspectives :
Si ces outils de communication engageantes fonctionnent en exploratoire, il s’agira ensuite de les tester quantitativement et de mesurer leur effet réel en termes de satisfaction médicale mais aussi de prescription.
Cette ordonnance pourrait ainsi être diffusée à l’ensemble des médecins prescripteurs mais aussi travailler pour d’autres professions comme les chirurgiens-dentistes.
Equipes du projet
Coordonnateur :
DE PAUW Caroline
N° ORCID : 0000-0001-6518-6684
Structure administrative de rattachement : URPS - Hauts-de-France
Laboratoire ou équipe : CLERSE (Centre Lillois d'Études et de Recherches Sociologiques et Économiques) UMR 8019 du CNRS, université Lille1, Laboratoire universitaire de recherche pluridisciplinaire : sociologie, économie , Union Régionale des Professionnels de Santé Libérau
Autres équipes participantes :
Responsable de l'équipe 2 : SUCHON Remi
ETHICS EA 7446 / Anthropo-Lab
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