Chômage, alimentation et habitudes de vie dans Constances
Résumé de soumission
Contexte : Aujourd’hui en France le chômage touche 2,7 millions de personnes (définition du BIT) et serait responsable de 10 000 à 14 000 décès par an. Il peut être considéré comme un problème de santé publique. D’autre part, les habitudes de vie que sont l’alimentation, l’activité physique, les consommations de tabac et d’alcool expliqueraient jusqu’à 54 % des inégalités socioéconomiques de mortalité. On peut dès lors se demander si le chômage contribue à dégrader les habitudes de vie et par ce biais, à aggraver les inégalités de santé.ObjectifsL’objectif principal du projet est d’évaluer si la perte d’emploi est associée à des changements d’habitudes de vie (alimentation, activité physique, tabac, alcool) dans un sens défavorable à la santé à partir de la cohorte Constances, en rétrospectif et en prospectif. L’objectif secondaire est de repérer de possibles modérateurs des effets de la perte d’emploi sur chaque habitude de vie. On examinera en particulier le sexe et la position sociale ; les situations hybrides entre chômage et emploi (le « halo du chômage ») ; enfin la durée et l’indemnisation du chômage.MéthodesLa cohorte Constances est constituée par tirage au sort parmi les bénéficiaires du régime général de sécurité sociale. Environ 130 000 participants ont déjà été inclus entre 2012 et mars 2017 et sont suivis par un questionnaire annuel.Une analyse rétrospective évaluera l’association entre le fait d’avoir été au chômage au moins 6 mois ou d’être chômeur et des habitudes de vie défavorables à la santé au moment de l’inclusion, parmi les participants ayant déjà travaillé. Des analyses prospectives évalueront si le passage de l’emploi au chômage est associé à une dégradation des habitudes de vie entre l’inclusion et le suivi. On utilisera des modèles « différences de différences » avec appariement des cas avec des témoins pris dans la cohorte (en emploi tout au long du suivi). Les données permettent de prendre en compte de nombreuses variables de confusion, dont l’état de santé, et divers potentiels modérateurs de la perte d’emploi. La perception d’indemnités chômage au cours du suivi sera tirée des données de la Caisse nationale d’assurance vieillesse appariées aux données Constances. PerspectivesCe projet s’inscrit dans l’axe thématique 2017 « Mesure et déterminants des inégalités sociales de santé » de l’appel IReSP. Il permettra de mieux comprendre les chaînes causales à l’œuvre dans les inégalités sociales de santé. Les habitudes de vie sont des facteurs de risque pour de nombreuses maladies chroniques : notre projet contribuera à établir si la moins bonne santé des chômeurs peut être liée à une dégradation des habitudes de vie suite à la perte d’emploi.Il pourra en outre aider à concevoir des interventions ciblées sur les comportements ou les sous-populations les plus vulnérables aux effets du chômage. Enfin, il pourrait amener à considérer les politiques d’allocation chômage et/ou d’aide au retour à l’emploi, comme des politiques de santé et de lutte contre les inégalités sociales de santé, contribuant à décloisonner les politiques publiques et à mieux évaluer leur impact au-delà de leurs objectifs initiaux
Equipes du projet
Coordonnateur :
PLESSZ Marie
N° ORCID : 0000-0001-7026-6224
Structure administrative de rattachement : CNRS
Laboratoire ou équipe : INRA CMH (UMR 8097), Équipe de recherche sur les inégalités sociales (ERIS)
Autres équipes participantes :
Responsable de l'équipe 2 : ZINS Marie
Cohortes épidémiologiques en population-UMS 011 Inserm-UVSQ, Université Paris Descartes
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