Littératie en santé mentale des enfants: co-création et évaluation d’une intervnetion dans le cadre de l’école afin de développer et de valider une échelle ad hoc

Contexte : La santé mentale des enfants est une priorité de santé publique. Les chiffres sont alarmants : en Europe, 1 enfant sur 5 de moins de 12 ans souffre d’un trouble du comportement, de développement ou psychologique. Ce nombre ne cesse d’augmenter, surtout après la Covid-19. Il ne s’agit pas que de prévenir les troubles psychiques, mais aussi de renforcer les ressources personnelles de l’enfant dans une démarche de promotion de la santé mentale. La littératie en santé mentale (LSM) est un déterminant de la santé mentale sur lequel l’on peut agir. Le « Child Focused Mental Health Literacy Model » décrit les six dimensions de la LSM chez l’enfant : (1) compréhension de la santé mentale et reconnaissance de ses fluctuations ; (2) recherche d’aide ; (3) supports disponibles ; (4) influences sur la santé mentale ; (5) adaptation et résilience ; et (6) stigmatisation. Promouvoir la LSM chez les enfants signifie leur permettre de reconnaître un état de mal-être, de rechercher de l’aide en temps opportun et de prendre soin de leur santé mentale. Très peu d’interventions existent pour promouvoir la LSM chez les enfants, aucune en France. D’autre part, ces interventions n’ont pas été évaluées selon un design rigoureux. Aussi, une échelle validée qui mesure la LSM des enfants n’existe pas.
Objectifs et hypothèses : Cette étude interventionnelle a le double objectif de (1) co-créer une intervention et en évaluer l’efficacité concernant la LSM des enfants ; et (2) développer et valider une échelle mesurant la LSM des enfants. Le 1er objectif spécifique est d’utiliser plusieurs éléments pour accroitre l’efficacité de l’intervention : co-création, base théorique, approche globale de la santé à l’école, multi-supports. Le 2ème objectif spécifique est de mettre en place plusieurs étapes pour développer l’échelle en LSM : définition et test des items, administration de l’échelle à un large échantillon d’enfants, analyses psychométriques pour la validation finale. Le 3ème objectif spécifique est de conduire une étude d’évaluation avec plusieurs méthodes : évaluation de viabilité, essai randomisé contrôlé par grappes, entretiens (méthodes-mixtes). Nos hypothèses sont que : une intervention aux caractéristiques citées ci-dessus est davantage efficace pour améliorer la LSM des enfants ; une échelle est robuste si elle est construite avec des procédures psychométriques rigoureuses ; combiner plusieurs types d’évaluation fournit des preuves solides.
Méthodes : Nous étudions la population des 8-11 ans dans le département de la Gironde dans des classes CM1/CM2 en zone urbaine et rurale, privées et publiques, en éducation prioritaire et ULIS. Selon les principes de la recherche participative, nous organiserons plusieurs rencontres et focus groupes entre les membres des équipes du projet plus des enfants, des parents, des enseignants et deux artistes. Nous co-créerons une intervention composée de plusieurs objets (kit pédagogique, vidéos, livret, etc.). En parallèle, les artistes dessineront avec des enfants les items de l’échelle. L’intervention sera d’abord évaluée en 5 classes par observations, entretiens et questionnaires de satisfaction avec l’objectif d’en tester la viabilité. L’échelle sera administrée à 300 enfants et des analyses psychométriques seront réalisées pour la valider. Ensuite, un essai randomisé contrôlé par grappes sera mené dans minimum 20 classes pour une deuxième évaluation de l’intervention. Comme critère de jugement nous utiliserons le score de l’échelle. Des entretiens supplémentaires complétèront l’évaluation par méthodes-mixtes.
Perspectives : Si son efficacité est prouvée, l’intervention pourra être transférée dans plusieurs écoles en France et ailleurs. Par le biais des partenaires étrangers, nous pourrons traduire l’intervention dans un souci de reproductibilité. L’échelle – la première au monde sur la LSM des enfants – permettra d’évaluer des interventions futures et de fournir des données pour les décideurs ainsi qu’ils puissent insérer la LSM dans toutes les politiques éducatives.