Effets d’une nouvelle organisation du travail dans l’aide à domicile : une évaluation par tirage aléatoire

Résumé de soumission

Contexte
La structure Buurtzorg, créée par Jos de Blok en 2006 autour d’une dizaine de professionnels, compte aujourd’hui plus de 11 000 employés. Ce succès apparent a inspiré de nombreuses associations du secteur de l’aide à domicile qui ont à leur tour adopté ce modèle organisationnel, à la fois en France et ailleurs dans le monde. En leur donnant davantage d’autonomie pour organiser leurs plannings et les plans de soins, ce modèle “d’équipes autonomes” est pensé pour permettre aux salariés de se réapproprier leur travail. Les salariés seraient davantage motivés et satisfaits, et la qualité de leur travail s’en trouverait accrue au bénéfice des patients.
En France, le secteur des services à la personne est à la fois en forte croissance et en souffrance : les conditions de travail y sont difficiles tandis que les rémunérations et perspectives de carrière sont faibles. La mise en place du modèle en équipes autonomes apparaît comme une option prometteuse pour limiter l’insatisfaction au travail et la rotation de la main-d’œuvre, mais la gestion des plannings et des plans de soins nécessite le développement de nouvelles compétences et un niveau d’investissement au travail élevé.
Seule une évaluation d’impact rigoureuse permettra de s’assurer que le modèle, selon certaines modalités, améliore la satisfaction des salariés dans et la prise en charge des personnes accompagnées dans le secteur de l’aide à domicile.
 
Objectifs
Le projet vise à évaluer les effets de cette nouvelle organisation du travail dite en “équipes autonomes” sur le personnel (absentéisme, turnover, risques psychosociaux, satisfaction au travail), ainsi que sur les personnes accompagnées (hospitalisations, décès, consommation de médicaments, passage en EHPAD). Il vise à éclairer les politiques publiques dans ce secteur sensible tant du point de vue de la santé publique que de la santé au travail.
 
Méthodes
Afin de garantir que les salariés des équipes passés au modèle en équipes autonomes soient comparables à ceux qui n’y sont pas (ou pas encore) passées, nous implémenterons une évaluation par assignation aléatoire, (randomized controlled trial). Celle-ci consiste à tirer au sort parmi un ensemble d’équipes au sein de structures volontaires pour participer à l’évaluation, celles qui verront effectivement l’organisation de leur travail changer. L’impact causal du programme sera mesuré en comparant, les salariés « traités » et les salariés « témoins ». Un pilote a été mené auprès de quelques structures, et le projet actuel vise à financer une montée en charge de l’expérimentation.
 
Perspectives
L’évaluation permettra de décider de la généralisation ou non de cette nouvelle organisation du travail. Elle fera l’objet de publications dans différents supports, à destination du grand public et des structures d’aide à domicile (notes de l’IPP) et de la communauté scientifique (article de recherche, conférences). Ces supports permettront d’alimenter la connaissance citoyenne et scientifique des enjeux d’organisation du travail dans un secteur en souffrance.

Equipes du projet

Coordonnateur :

RAIN Audrey

Structure administrative de rattachement : PSE – Ecole d’Economie de Paris

Laboratoire ou équipe : Institut des politiques publiques, PSE – Ecole d’Economie de Paris

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