Impact de la crise sanitaire liée au COVID-19 sur le recours à l’hospitalisation à domicile chez les patients atteints de cancers traités par chimiothérapie IV. L’exemple de la région Occitanie

Résumé de soumission

CONTEXTE : Face à la vulnérabilité des patients atteints de cancer à l’infection au SARS-CoV-2, particulièrement aux complications associées, le Haut Conseil de la Santé Publique et l’Institut National du Cancer ont prôné la réduction de la présence physique des patients à l’hôpital. En particulier, chez les patients traités par chimiothérapie, ils encouragent notamment les mesures permettant d’assurer la continuité des soins à travers la télémédecine, et le recours à l’hospitalisation à domicile (HAD) lorsque cela est permis par la disponibilité des infrastructures et les contraintes logistiques, y compris pour les chimiothérapie injectables (CTAI). L’accès des patients à la CTAI en HAD est contraint par des facteurs réglementaires, techniques et financiers. Aussi l’existence d’une HAD sur un territoire ne garantit donc pas qu’un patient atteint de cancer puisse bénéficier d’une chimiothérapie à domicile même si sa pathologie et son traitement lui permettrait de renter dans ce cadre : il existe une grande variation d’une HAD à l’autre résultant en une importante hétérogénéité géographique de recours à la HAD. En 2019 en Occitanie, des taux de CTAI en HAD allant de 0% en Aveyron à 3.7% en Haute-Garonne. Par ailleurs, les données régionales du PMSI MCO et HAD montraient une augmentation de 27% de la part des patients ayant eu un recours en HAD pour chimiothérapie au moins une fois dans l’année dans l’ensemble des patients ayant eu une chimiothérapie entre 2016 (1.1%) et 2019 (1.4%), avec une croissance annuelle moyenne d’environ 8.6%. Nous faisons l’hypothèse que la crise sanitaire liée à la CoViD-19 a pu impacter favorablement le recours à l’HAD.
OBJECTIFS : Nous étudierons plus spécifiquement les facteurs associés au recours à la HAD et leurs évolutions. Il s’agira de déterminer les facteurs pouvant faire varier la possibilité d’avoir un traitement à domicile, notamment au-delà des arguments cliniques, les facteurs géographiques (lieu de résidence, offre de soins) et sociaux (niveau d’éducation, catégorie socio-professionnelle, statut marital). Enfin il s’agira d’étudier dans une perspective sociologique, au sein des établissements autorisés en cancérologie et des HAD de la Région, les obstacles au recours qui ont pu être levés dans le contexte de la Covid-19.
METHODES : Notre étude repose sur la combinaison d’une enquête sociologique, extensive, et d’une étude épidémiologique, se nourrissant mutuellement. L’enquête sociologique explorera deux axes : d’une part, les inégalités territoriales de l’offre d’HAD ; d’autre part les obstacles qui ont pu être levées à l’offre d’HAD dans le cadre du Covid. En réponse au premier axe, nous interrogerons, par questionnaire téléphonique, les hématologues et oncologues prescripteurs des établissements autorisés en cancérologie (n=44) ainsi que les médecins coordonnateurs et les cadres des structures d’HAD de la région (n=28), qu’elles dispensent (n=15) ou non (n=13) des chimiothérapies anticancéreuses injectables. L’enquête épidémiologique est triple. Elle inclue l’analyse de l’évolution du recours à l’HAD sur la période d’étude à partir des données du PMSI MCO et HAD pour les années 2019 à 2021 ; une étude transversale répétée à différents moments de la période, permettant d’évaluer le recours à l’HAD avant et pendant la pandémie, au début de celle-ci et, plus tardivement, à environ un an, incluant des cas et des témoins (n=200 cas + 200 témoins à chaque vague) ayant respectivement ou non recouru à l’HAD, et appariés sur le type de cancer, la molécule et l’âge, dont les grandes caractéristiques seront décrites ; enfin, une étude cas-témoins plus large, sur 400 premiers cas de 2021 et leur témoins associés étudiant plus précisément les déterminants du recours à l’AHD, notamment les caractéristiques démographiques et sociales, en particuliers les conditions matérielles de vie et l’isolement.
PERSPECTIVES : Nos résultats permettront de mieux comprendre les déterminants du recours au dispositif HAD chez les patients traités par CTAI. Ils contribueront aussi à l’évaluation de l’impact de la crise sanitaire du début de l’année 2020 sur les populations vulnérables, en particulier les patients atteints de cancers. La compréhension de ce phénomène permettra de mieux appréhender des situations similaires potentiellement à venir.

Equipes du projet

Coordonnateur :

LAMY Sébastien

N° ORCID : 0000-0003-3886-1968

Structure administrative de rattachement : Institut Claudius Regaud

Laboratoire ou équipe : Groupe de recherche et d’analyse en santé des populations (GAP), Institut Claudius Regaud


Autres équipes participantes :

Responsable de l'équipe 2 : BAUVIN Eric
Réseau régional de cancérologie Onco Occitanie


Responsable de l'équipe 3 : SICOT François
LISST - UMR CNRS 5193, Université Toulouse 2


Responsable de l'équipe 4 : DELPIERRE Cyrille
CERPOP UMR 1295 équipe EQUITY, Université Toulouse 3


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