Réduire le tabagisme en établissement pénitentiaire : un programme de recherche interventionnelle

Résumé de soumission

Contexte

 

En France, la majorité des détenus ayant une position socioéconomique basse. L’incarcération peut être une chance de réduire leur vulnérabilité face à la maladie et les services de santé peuvent jouer un rôle important dans la réduction des inégalités d’accès aux soins de santé en détention. Plus de 80 % des détenus sont des fumeurs réguliers et le tabagisme passif est un problème important en prison. Par ailleurs, les intervenants auprès de ses populations fument également plus que la population générale. Peu d’interventions ont été développées ou évaluées pour encourager le sevrage dans ce contexte : l’accès aux thérapies de remplacement de la nicotine est rare, les mesures d’information et de conseil pour les détenus sont encore plus rares. Pourtant, des preuves de l’efficacité d’interventions à composantes multiples en détention visant à réduire la consommation de tabac existent.

 

 

Hypothèse

 

 

une intervention à composantes multiples ciblant l’ensemble des membres de la prison (détenus et membres du personnel) serait efficace pour réduire l’exposition au tabac en prison.

L’objectif de ce projet est de construire et d’évaluer une intervention visant à réduire l’exposition individuelle au tabac (tabagisme actif et secondaire) pour l’ensemble de la population d’une prison.

Le projet se déroulera en 2 phases :

– Construction de l’intervention (partie A) avec toutes les parties prenantes dans un processus de co-construction.
– Évaluation multidisciplinaire de l’intervention (partie B) au cours d’une expérimentation.

Cela permettra d’édicter des préconisations sur la pertinence de l’intervention et sur les conditions de sa diffusion à grande échelle et dans différents contextes.

 

 

Méthodes

 

 

Partie I construction de l’intervention
L’objectif est de mettre en évidence les conditions d’acceptabilité de l’intervention, tant au niveau individuel qu’organisationnel, en impliquant les parties prenantes dans sa construction, afin d’optimiser sa mise en œuvre. Une étude qualitative combinera des observations, des entretiens
individuels, des focus groups avec les acteurs, sur site, et des observations afin de co-construire une modalité d’intervention qui puisse être appliquée dans les 16 prisons concernées par l’intervention et d’optimiser les conditions d’implémentation.

 

Partie II : évaluation de l’intervention au cours d’une expérimentation
L’objectif principal est d’éclairer les décideurs publics sur l’opportunité de diffuser une intervention efficace et efficiente avec des outils recommandés pour une implémentation optimale. Elle fait appel à trois études complémentaires.

 

L’étude A est un essai comparatif contrôlé randomisé en parallèle 1 : 1 qui sera réalisé dans 16 centres de détentions. 8 Clusters expérimentaux (ici, les prisons) implémenteront l’intervention pendant un an et 8 clusters contrôles ne proposeront pas l’intervention (pratiques habituelles).

L’objectif principal sera d’évaluer l’efficacité de l’intervention sur l’augmentation du taux d’abstinence tabagique pour tous. Les objectifs secondaires évalueront d’autres critères de consommation de tabac : exposition passive au tabac, accès aux thérapies de sevrage tabagique, nombre de cigarettes consommées par jour, nombre de sevrage médicamenteux consommés…. Plus de 5 000 détenus et personnels travaillant en détention seront inclus.
Le principal critère d’évaluation sera le statut tabagique (abstinence vs tabagisme) à 6 mois pour tous. `

 

L’étude B évaluera l’efficience de l’intervention par une analyse coût-efficacité sur la durée de l’essai et à plus long terme en ayant recours à un modèle de Markov. Une analyse d’impact budgétaire sera proposée.

 

L’étude C est une étude sociologique dont l’objectif est d’identifier les leviers et les barrières au niveau individuel et collectif afin d’analyser la transférabilité de l’intervention.

 

 

Résultats attendus et perspectives

 

 

Les résultats attendus sont une diminution du tabagisme actif et du tabagisme passif pour tous en prison. Les mécanismes d’action et les déterminants éducatifs, sociaux et collectifs impliqués dans le processus de réduction de l’exposition au tabac dans les prisons seront détaillés. Les facteurs contextuels participant à l’efficacité de l’intervention, conduiront à la mise en place d’un  » guide pour une bonne implémentation et diffusion  » en fonction du contexte.

Equipes du projet

Coordonnateur :

CHEVREUL Karine

N° ORCID : 0000-0003-4579-6332

Structure administrative de rattachement : INSERM

Laboratoire ou équipe : ECEVE - UMR 1123

N° RNSR : 201420728Z


Autres équipes participantes :

Responsable de l'équipe 2 : PROTAIS Caroline
OFDT


Responsable de l'équipe 3 : GIRAUDEAU Bruno
UMR INSERM U1246 - SPHERE


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