Vulnérabilité sociale et perte de l’autonomie du sujet âgé : approche descriptive et analytique des mécanismes impliqués – Projet Vol PERLA

Contexte. La vulnérabilité sociale (VS) est un concept permettant d’évaluer la situation sociale d’un individu de manière holistique, en considérant l’ensemble des ressources et difficultés d’ordre social susceptibles d’impacter sa santé. A l’heure où les inégalités sociales de santé continuent de s’aggraver dans notre pays, et où le nombre des personnes âgées en perte d’autonomie ne cesse d’augmenter, les recherches doivent s’attacher à mieux identifier les sujets âgés les plus à risque de déclin fonctionnel, à mieux comprendre les mécanismes impliqués et à identifier les déterminants sur lesquels agir en priorité. Pour ce faire, nous proposons une recherche qui vise à explorer l’impact fonctionnel de la VS du sujet âgé et les mécanismes complexes impliqués dans le processus de perte d’autonomie.
Objectifs. Evaluer et décrire la VS en population générale âgée et étudier les relations avec la perte d’autonomie au moyen de multiples approches méthodologiques complémentaires.
Méthodes. Quatre cohortes sur le vieillissement seront analysées : Paquid (N=3777), 3Cités (N=9294), AMI (N=1002) et SHARE (plusieurs dizaines de milliers de sujets selon les vagues analysées), riches de suivis longitudinaux à long-terme et d’un très large panel de données sociodémographiques, relatives à l’environnement de vie matériel et social, aux modes de vie et à la santé. Plusieurs domaines fonctionnels seront explorés en termes de restrictions de participation (engagement dans des activités) et de limitations d’activités (mobilité, IADL, ADL) ; ces dernières pourront être analysées de manière combinée pour proposer une approche processuelle dynamique de la perte d’autonomie le long d’un continuum allant de la robustesse à la perte d’autonomie sévère. La VS sera définie selon une approche cumulative de déficits et de ressources d’ordre social à partir de différents facteurs socio-économiques et psycho-sociaux (statut socio-économique, propriété du logement, fait de vivre seul, soutien social, solitude, pratique d’activités de loisir…). Une première étape consistera à décrire la VS en population générale âgée et à estimer l’ampleur de son impact sur la perte d’autonomie par des estimations d’espérances de vie sans incapacité (modèles multi-états) et la comparaison des trajectoires fonctionnelles selon le niveau de VS (modèles mixtes pour données répétées ordinales). Une seconde partie plus analytique visera à étudier les mécanismes complexes impliquant ces différents facteurs sociaux tout au long du processus de perte d’autonomie par l’estimation des risques d’incidence de perte d’autonomie (modèles de Cox), l’analyse d’éventuelles interactions (comme par exemple avec le genre, l’âge, le milieu de vie…), la réalisation d’analyses de médiation (ex. avec l’alimentation, le tabagisme, les déficiences sensorielles…), l’estimation de la part attribuable à la VS, ou encore l’étude du rôle de ces facteurs sur les 4 différentes transitions du continuum de perte d’autonomie, en analysant à la fois la dégradation, mais également les possibilités de réversibilité de certains états, tout en tenant compte des risques compétitifs de décès (modèles multi-états).
Perspectives. Dans cette recherche, nous proposons d’explorer selon différentes approches le rôle de la VS tout au long du processus dynamique de perte d’autonomie. Ces travaux fourniront d’importants paramètres de santé publique permettant d’objectiver l’ampleur du poids fonctionnel de la VS, avec des estimations d’espérances de vie sans incapacité selon le niveau de VS ou l’estimation de la part de la perte d’autonomie attribuable à la VS. De plus, grâce à la richesse des données des quatre cohortes exploitées, nous nous attacherons à analyser finement l’intrication des multiples facteurs sociaux impliqués dans le processus de perte d’autonomie. Cette partie plus analytique de la recherche devrait contribuer d’une part à une meilleure compréhension des mécanismes impliqués dans les inégalités sociales de santé face à l’autonomie et d’autre part à l’identification de potentiels leviers d’action pour réduire ces disparités sociales (comme par exemple par la lutte contre la solitude).