Réduction du tabagisme en psychiatrie, coconstruction et évaluation d’une intervention

Résumé de soumission

Le rationnel de ce projet part du constat de taux de tabagisme très élevés chez les porteurs de troubles mentaux, notamment les plus graves. Cette population n’a pas diminué sa consommation dans les même proportions que la population générale durant les dernières décennies, ce qui impliquerait qu’elle serait moins réceptive, ou moins ciblée par les campagnes de prévention et les interventions de sevrages, plus difficiles à mettre en œuvre et plus souvent suivies de rechutes dans leur cas. Une situation qui vient expliquer en grande part la surmortalité cardiovasculaire et les pathologies respiratoires chez les porteurs de troubles. Par ailleurs, la consommation de tabac est souvent tolérée et considérée comme un moindre mal dans le milieu psychiatrique. Peu de recommandations spécifiques existent pour permettre aux usagers de la psychiatrie d’accéder à une prise en charge optimale de l’addiction tabagique à ce jour, cela impliquerai des changements de pratiques soignantes et un renforcement de la capacité d’agir des patients envers un sevrage qui pourrait prendre part à son parcours de rétablissement.

 

Les porteurs du projet font les hypothèses suivantes : 1) Il existe des besoins, attentes, ressources et contraintes spécifiques au sein des secteurs de psychiatrie à prendre en considération dans l’élaboration d’interventions de réduction tabagique ; 2) cela étant fait, il est possible de développer des interventions de réduction du tabagisme efficaces, acceptables et réplicables adaptées à ce contexte ; 3) le sevrage tabagique permet secondairement d’améliorer le rétablissement, la qualité de vie et la santé mentale de la personne bénéficiaire de l’intervention.

 

L’objectif principal du présent projet est de définir avec les personnes concernées une intervention pour la réduction du tabagisme chez les usagers de la psychiatrie publique, puis de l’évaluer afin de produire des préconisations sur l’opportunité et les conditions de son déploiement à l’échelle nationale, basées sur données probantes.

 

La phase de coconstruction s’appuiera sur une mise à jour de notre revue de la littérature, systématisée, et sur des entretiens semi-directifs (addictologues, tabacologues, experts d’expérience, soignants), qui permettra de définir avec le conseil scientifique du consortium le cadre théorique des interventions de réduction tabagique en psychiatrie (mécanismes, risques et enjeux à l’œuvre, ressources thérapeutiques). Une série de focus groupes réunissant usagers, professionnels et chercheurs suivront pour définir, en partant du cadre théorique, 1) les besoins et attentes des usagers et soignants, 2) les ressources et contraintes liées à de telles interventions en secteur général de psychiatrie publique, 3) à partir du cadre théorique et en fonction des ressources et attentes : une intervention de réduction du tabagisme chez les personnes atteintes de troubles psychiques. Ainsi, l’intervention développée consistera à permettre aux usagers de la psychiatrie publique d’accéder aux moyens de sevrage efficaces en population générale, mais adaptés et articulés aux spécificités psychiatriques.

 

La phase d’expérimentation et d’évaluation reposera sur des méthodes mixtes mobilisant 1) un essai clinique randomisé en grappes de secteurs psychiatriques (efficacité), 2) une étude coût-efficacité (efficience et étude d’impact budgétaire), 3) une étude de processus (acceptabilité, facteurs favorisant et limitant). Enfin l’approche participative de notre recherche fera l’objet d’une analyse en sociologie des sciences.

 

Nous espérons dégager plusieurs résultats importants en termes de santé publique : 1) un modèle théorique de la problématique tabagique en psychiatrie et des interventions et traitements efficaces à mettre en œuvre pour la réduire ; 2) des recommandations de bonnes pratiques pour les professionnels intervenant auprès de notre population d’étude, issues du modèle théorique et des résultats de notre évaluation ; 3) un modèle coût-efficacité (de Markov) et d’étude d’impact des interventions de réduction tabagique en milieu psychiatrique, ce qui inclus notamment un important travail de valorisation de coûts et des gains de santé, mobilisable pour d’autres études ; 4) un modèle d’intervention de réduction tabagique en secteur psychiatrique, validé scientifiquement et réplicable en France et à l’international, accompagné du matériel de formation lié et de recommandations d’implémentation issues de l’étude de processus ; 5) participer à la propagation de méthodologies scientifiques originales de coconstruction d’interventions par toutes les parties-prenantes.

 

En cas d’efficacité, d’efficience et d’acceptabilité de l’intervention coconstruite, les perspectives en sont la réplication en France et à l’étranger, son adaptation à certains publics spécifiques de la psychiatrie publique, voire son extension à d’autres populations ayant une problématique tabagique spécifique.

Equipes du projet

Coordonnateur :

ROELANDT Jean-Luc

Structure administrative de rattachement : Centre Collaborateur de l’OMS pour la recherche et la formation en santé mentale - EPSM Lille Métropole

Laboratoire ou équipe : INSERM UMRS 1123 ECEVE

N° RNSR : 201420728Z


Autres équipes participantes :

Responsable 2 : ELIA Edvick
EPSM Lille Métropole


Responsable 3 : DERVAUX Alain
CHU d'Amiens


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