Opioïdes : Profils de prescription à risque chez les sujets âgés

Ces dernières années, il a été constaté une augmentation de la consommation des antalgiques opioïdes en France, concomitante d’une augmentation du nombre d’hospitalisations et du nombre de décès liés à la consommation d’opioïdes. En mars 2022, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié les premières recommandations « Bon usage des médicaments opioïdes : antalgie, prévention et prise en charge du trouble de l’usage et des surdoses ». Cette recommandation est très originale, dans la mesure où elle traite des opioïdes, quelle que soit leur utilisation, dans le contexte de la prise en charge de la douleur ou de la pharmacodépendance aux opiacés. Elle précise la nécessité de mieux adapter les traitements, de mieux repérer les personnes à risque de surdose, dont les caractéristiques sont définies dans un encart dédié. En effet, cette recommandation positionne la mise à disposition de la naloxone « prête à l’emploi » pour les sujets à risque.
La population de sujets âgés constitue une population fortement consommatrice d’opioïdes et vulnérable (polypathologies, co-consommations de benzodiazépines, modifications métaboliques etc…). Ainsi, la prévention, le repérage du risque de mésusage et de surdose est un enjeu majeur dans cette population particulièrement exposée aux douleurs chroniques. Or, dans les recommandations publiées par la HAS, il n’y a pas de paragraphe spécifiquement dédié aux sujets âgés. Parmi les facteurs de risque définis par la HAS, quels sont ceux que présentent les sujets âgés ? Et combien ? Il est important, lors de la publication d’une recommandation de cette envergure, qui traite d’un sujet majeur, la prescription des opioïdes dans toutes les situations d’évaluer précisément les risques dans la population qui est la plus consommatrice de ces médicaments, et qui constitue une population vulnérable, les sujets âgés.
L’objectif principal de ce projet est d’identifier les profils à risque de surdose et de mésusage parmi les sujets âgés recevant des médicaments opioïdes, en fonction des facteurs de risque définis dans les recommandations de la HAS.
A partir des données du Système National des Données de Santé (SNDS), nous proposons, dans la continuité de nos travaux, d’utiliser une méthodologie innovante combinant deux méthodes statistiques : l’analyse en classes latentes (analyse globale de facteurs de risque multiples pour la mise en évidence de profils de risque) et l’analyse de séquences (critère longitudinal pour l’évaluation de la stratégie thérapeutique des médicaments opioïdes).
L’enjeu est important d’un point de vue santé publique. La connaissance des facteurs de risque de surdose et de leur multiplicité chez les sujets âgés représentera une véritable « incarnation » dans le sens d’une transposition en vie réelle du texte de la recommandation de 2022 dans cette population vulnérable qui alertera et sensibilisera sur ce risque et sur la nécessité de prescription de la naloxone.