L’orthophonie libérale dans le diagnostic des troubles dys (dyslexie, dyscalculie, dysgraphie, dyspraxie).
Résumé de soumission
Contexte : Les politiques publiques actuelles reconfigurent les modalités d’accès aux soins orthophoniques (Plateformes de coordination et d’orientation – PCO, expérimentation de l’accès direct, etc.). Or les orthophonistes jouent un rôle central dans les procédures de diagnostic pour les troubles spécifiques des apprentissages (une sous-catégorie des troubles du neuro-développement communément appelés « troubles dys » qui connaissent actuellement un essor important), y compris lorsque le langage n’est pas la préoccupation centrale.
Objectifs : L’objectif de ce projet est de comprendre comment les orthophonistes constituent un groupe professionnel incontournable, en interaction avec d’autres professionnels, dans les parcours diagnostiques des enfants dys (dyslexie, dyscalculie, dysgraphie et dyspraxie) et de saisir les reconfigurations actuelles induite par les politiques publiques. Notre questionnement est constitué de trois dimensions : 1) appréhender empiriquement et comprendre comment se font les diagnostics de dys ; 2) comprendre les enjeux du diagnostic des dys pour le groupe professionnel des orthophonistes ; 3) étudier si les dys constituent, pour les orthophonistes, un système de classification. Ce questionnement s’appuie sur une hypothèse de travail qui porte sur les effets des politiques publiques. Nous supposons que les orthophoniques occupent un rôle central d’abord parce qu’ils sont nombreux, visibles et connus (notamment des parents et des enseignants), ensuite parce que les soins orthophoniques sont pris en charge par l’Assurance maladie, à la différence d’autres rééducations (ergothérapie, psychomotricité, neuropsychologie, etc.), et enfin car les modes de coordination actuels génèrent des goulets d’étranglement dans les parcours des enfants dys qui favorisent jusqu’à présent le recours à l’orthophonie libérale.
Méthodes : Les méthodologies qualitatives de recueil de données retenues visent à rendre compte, au-delà des discours institutionnels ou professionnels, de la succession des pratiques d’évaluation et de bilan susceptibles de produire des diagnostics, menées par des orthophonistes et d’autres groupes professionnels. Pour cela, nous articulons trois approches : 1) la reconstitution a posteriori, grâce à des entretiens, des parcours diagnostiques d’enfants dys ; 2) l’observation in situ de séances de bilan et diagnostic ; 3) la reconstruction, grâce à des entretiens, des réseaux d’adressage entre professionnels (majoritairement mais pas exclusivement professionnels de santé). Cette démarche se déploie sur deux terrains contrastés en termes de densité d’orthophonistes et d’organisation des structures de diagnostic précoce : la Métropole deLyon (ML) et le département du Puy-de-Dôme (63).
Perspectives : Le principal intérêt du projet pour la recherche est d’aller au-delà de l’analyse des discours institutionnels et des rhétoriques professionnelles sur le parcours de diagnostic des enfants dys, et plus largement sur le parcours de diagnostic impliquant des orthophonistes, et de lever des verrous scientifiques dans l’analyse des modes de coordination des organisations réticulaires favorisées par les autorités publiques depuis plusieurs décennies dans le domaine de la santé. Il cherche également à interroger la place des orthophonistes dans le parcours de diagnostic des enfants dys, au moment précis où l’accès direct à cette profession sans prescription médicale est en train d’être expérimentée. Ces trois points constituent également des éléments intéressant l’évaluation des politiques publiques.
Equipes du projet
Coordonnateur :
WOOLLVEN Marianne
Structure administrative de rattachement : Université Clermont Auvergne
Laboratoire ou équipe : LESCORES, Université Clermont-Auvergne
Autres équipes participantes :
Responsable de l'équipe 2 : GUILHOT Nicolas
CRDMS (IFROSS EA 4588) , Université Jean Moulin Lyon 3
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