Les savoirs expérientiels au cœur de l’accompagnement et du soutien par les pairs

Résumé de soumission

Les savoirs expérientiels sont le moteur de l’innovation sociale portée par les activistes et mouvement sociaux de personnes vivant avec une maladie chronique, des troubles de santé mentale ou en situation de handicap. Ils trouvent un terreau privilégié où se déployer dans une forme de participation se déployant aujourd’hui en France avec le soutien des politiques publiques : les pratiques d’accompagnement et d’entraide par les pairs. En effet, les politiques publiques des secteurs du sanitaire, du social et du médico-social se sont largement saisies de cette option participative depuis les années 2000. La loi du 2 janvier 2002 de rénovation de l’action sociale et médico-sociale et la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé en sont la preuve. Depuis les années 2010, cette orientation participative a pris un nouveau tournant avec l’introduction des pairs dans un ensemble de politiques publiques. Le pair désigne un type d’acteur nouvellement reconnu et légitimé par la puissance publique au nom de ses savoirs expérientiels : expérience de la vie à la rue, expérience de la maladie chronique, expérience des addictions, expérience des situations de handicap, etc. Certains sont mobilisés pour des activités de représentation d’usagers, d’autres pour contribuer à des enseignements ou à la formation professionnelle, d’autres encore pour accompagner ou soutenir leurs pairs. Ce sont ces pratiques d’accompagnement ou de soutien par les pairs et les savoirs expérientiels y circulant, s’y fabriquant ou encore se co-construisant qui seront l’objet de ce projet. Visant une meilleure compréhension de ces pratiques et de ces savoirs expérientiels, cette recherche empruntera une voie tierce qui n’est pas celles de la sociologie médicale (Foucault, 1976) et de la sociologie de la déviance (Edward Sagarin, 1969 ; Goffman, 1963), ni celles des disability studies et de l’oppression sociale (Oliver, 1996). Elle reprendra la question de la sémantisation de l’expérience (Gardien, 2008) et creusera un troisième sillon, celui des savoirs expérientiels, afin de comprendre ce que les situations vécues et les échanges entre pairs peuvent produire de spécifique et positif, et offrir comme contributions à nos sociétés. Elle interrogera également l’enjeu contemporain de l’introduction des pairs dans les politiques publiques et le fait corollaire qu’ils sont davantage mobilisés pour reproduire des rôles sociaux traditionnels (risque de mise en concurrence avec les professionnels des secteurs concernés) plutôt que pour mettre en œuvre leurs spécificités propres : les savoirs expérientiels sont encore largement ignorés (Gardien, 2017). Objectifs concernant les savoirs expérientiels :1.1. Identifier et formaliser les savoirs expérientiels élaborés lors des pratiques d’accompagnement ou de soutien par les pairs1.2. Etudier la distribution sociale des savoirs expérientiels : variables favorables ou non à leur élaboration et à leur mise en œuvreObjectifs concernant les pratiques de l’accompagnement et du soutien par les pairs :2.1 Décrire les différentes pratiques de soutien et d’accompagnement par les pairs (éthiques, organisations, partenaires, etc.)2.2 Décrire et comprendre les effets des contextes politiques, sectoriels, professionnels ou autres, accueillant les pratiques de soutien et d’accompagnement par les pairs Méthodologie :Ces objectifs seront atteints par une méthodologie d’enquête qualitative adaptée. Etant donné la nature des phénomènes sociaux étudiés, leur dynamique, leur évolutivité et leur complexité, il est exclu de fonder le recueil de données sur une seule méthode d’investigation. L’option prise est une stratégie de triangulations des données (Denzin, 1978), de triangulation des méthodes (Cohen, Manion, Morrison, 2007) et de triangulation indéfinie (Becker, 1970). La stratégie de triangulation des données se situera sur trois niveaux : temporel, spatial et contextuel, et de « combinaisons de niveaux » (Pourtois, Desmet, 1988 ; Cohen, Manion, Morrison, 2007). L’approche par la triangulation des méthodes cible une variété de matériaux pour documenter la complexité des phénomènes et réduire les biais inhérents à chaque méthode. L’enquête consistera ainsi en une investigation déployant tout à la fois observation (Peneff, 2009 ; Cefaï, 2013) et plusieurs types d’entretien : d’explicitation (Vermesch, 1994, 2012), d’auto-confrontation (Thereau, 2006) et des focus-group (Morgan, 1997 ; Markova, 2003). La démarche de triangulation indéfinie (Becker, 1970) consiste à porter à la connaissance des individus enquêtés les versions préliminaires des résultats pour recueillir leurs réactions, et ainsi vérifier la fiabilité des matériaux recueillis, confirmer ou au contraire partiellement revoir les pistes d’analyse retenues. Une réunion visant la participation de l’ensemble des terrains se déroulera donc une fois par an.Perspectives :L’exploitation des résultats, leur diffusion et leur valorisation se feront de différentes manières : auprès de la communauté scientifique, en mobilisant les canons académiques de la publication internationale et l’organisation d’un colloque scientifique international et interdisciplinaire (avec actes) ; auprès et avec des acteurs professionnels, des personnes directement concernées, auprès du grand public, par l’organisation de temps de restitution spécifiques (journées d’étude en partenariat) et la diffusion dans des médias spécialisés en direction des professionnels, des proches et des personnes directement concernées, du grand public

Equipes du projet

Coordonnateur :

GARDIEN Eve

N° ORCID : 0000-0002-2381-685X

Structure administrative de rattachement : Université Rennes 2

Laboratoire ou équipe : ESO - UMR6590

N° RNSR : 199612367P

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