Les pharmaciens dans l’exercice coordonné en soins primaires : conditions d’intégration, attentes et logiques professionnelles

Contexte : Alors que la coordination pluriprofessionnelle est un axe fort de la réorganisation des soins primaires en France, l’intégration des pharmaciens peine à s’y développer contrairement aux évolutions constatées dans d’autres systèmes de santé. Le bilan positif des expériences étrangères, pour la qualité comme pour l’accès aux soins, pourrait pourtant justifier que les instances de régulation, Etat ou Assurance maladie, promeuvent de nouvelles fonctions pour les pharmaciens au sein des dispositifs coordonnés amenés à se multiplier. Le contexte français semble d’ailleurs favorable. Le pharmacien d’officine s’est vu investi de nouvelles missions qui devraient impliquer plus d’interactions avec les autres offreurs de soins et qui gagneraient en efficacité dans une réelle coordination, voire coopération avec ces professionnels. La contrainte financière forte qui pèse aujourd’hui sur certaines officines pourrait être propice à la recherche d’autres activités que la dispensation de médicaments, activités assorties d’autres modes de rémunération.
Il apparaît donc pertinent d’analyser les potentialités et les configurations d’une place et d’un nouveau rôle pour ces professionnels.
Objectifs
L’objectif général de ce projet est de mieux comprendre les logiques et les enjeux des modalités possibles de l’intégration des pharmaciens dans l’exercice pluriprofessionnel coordonné.
Nous concentrons notre analyse sur les relations, les interactions, la coordination entre les pharmaciens ainsi qu’entre les pharmaciens et les autres professionnels de santé.
Nous proposons pour cela d’analyser de nouvelles fonctions mises en œuvre au sein d’une coordination/coopération entre pharmacien et autres prestataires de soins, d’interroger les périmètres de responsabilité, les relations de complémentarité ou de substituabilité qui s’instaurent alors entre ces professionnels.
Nous proposons également d’éclairer et d’étudier, dans le contexte spécifique du système de soins français, les facteurs d’implémentation (barrières/facilitateurs) de ces nouvelles prestations pharmaceutiques. Il s’agira à la fois d’évaluer les évolutions possibles à court terme et d’identifier, le cas échéant, des leviers d’action mobilisables par la politique publique. Nous aborderons ces facteurs d’implémentation dans trois domaines, les compétences requises et celles aujourd’hui développées dans leur formation, la situation concurrentielle dans les marchés locaux de l’officine, les motivations et les représentations professionnelles des pharmaciens et des autres professionnels de santé.
Méthodes
Notre recherche s’appuiera principalement sur des matériaux collectés dans le cadre de deux expérimentations (accompagnement et suivi pharmaco-thérapeutique des patients, animation de cercles de qualité pour la pratique de prescription). Ces deux expérimentations supports, vont être mises en place respectivement sur 6 sites et 9 sites. Pour les analyser et les évaluer, nous mobiliserons des approches complémentaires et articulées relevant de l’économie (évaluation organisationnelle, évaluation d’implantation, analyse fonctionnelle des besoins, analyse de processus, matrice d’impacts, mesure de la pression concurrentielle) et de la sociologie (entretien semi-directifs, analyse de contenu).
Perspectives
Les décideurs publics pourront se saisir des résultats obtenus pour alimenter les politiques récentes qui vont dans le sens d’un élargissement des missions du pharmacien et dans la recherche d’une coordination accrue entre les professionnels de santé de premier recours. Nos analyses pourront justifier (ou pas) la pertinence et la faisabilité d’une poursuite de telles expérimentations à une échelle plus conséquente, à l’image des expérimentations pour l’innovation en santé et de l’incitation à une prise en charge partagée. Nos résultats se traduiront aussi en termes de préconisations pour la formation initiale et continue des pharmaciens.