Les fibres alimentaires pour améliorer la prise en charge du sevrage de l’alcool – étude preuve de concept randomisée contrôlée en ouvert

Résumé de soumission

Contexte scientifique :

 

Le mésusage de l’alcool est une pathologie chronique qui touche 5 à 10% de la population dans les pays développés. L’alcool est la première cause de maladie chronique du foie dans le monde et en France. Les options thérapeutiques sont limitées et avec des résultats peu satisfaisants. Les patients ayant un mésusage de l’alcool ainsi que ceux souffrant de complications organiques liées à l’alcool (par exemple maladie alcoolique du foie ou pancréatite alcoolique) présentent des modifications de leur microbiote intestinal (appelé dysbiose) et une perméabilité intestinale accrue. Une perméabilité intestinale accrue est à l’origine d’une augmentation de la translocation vers la circulation sanguine des produits bactériens et des métabolites bactériens. De plus, il existe un lien entre la dysbiose intestinale, la perméabilité intestinale et la sévérité des symptômes psychologiques chez les patients atteints d’un mésusage de l’alcool, tels que la dépression, l’anxiété, l’envie d’alcool (craving), suggérant l’implication de l’axe intestin-cerveau dans l’étiologie du mésusage de l’alcool. Parmi les éléments nutritionnels qui favorisent un microbiote sain, les fibres jouent un rôle important car elles favorisent la croissance des bactéries bénéfiques. Les patients avec un mésusage de l’alcool ont un apport insuffisant en fibres alimentaires, ce qui est associé à une plus grande anxiété. Les fibres alimentaires, comme l’inuline ou la pectine, restaurent un microbiote sain et améliorent la perméabilité intestinale dans des modèles animaux et chez l’homme.

 

Objectifs :

 

Le but de notre étude preuve de concept est d’étudier les effets d’une alimentation enrichie en fibres associé à une prise en charge habituelle sur la perméabilité intestinale chez les patients atteints d’un mésusage de l’alcool.

 

Hypothèse de recherche :

 

L’hypothèse est qu’une augmentation de la consommation de différentes fibres chez les patients atteints d’un mésusage de l’alcool, va améliorer la perméabilité intestinale, diminuer la dysbiose et améliorer le sevrage de l’alcool et la fonction hépatique.

 

Méthodes :

 

Dans cet essai preuve de concept, randomisé, en ouvert, les patients avec un mésusage de l’alcool vont recevoir gratuitement un régime contrôlé riche en fibres (pectine et inuline) (20 g de fibres/jour) pendant 28 jours.
Le critère d’évaluation principal sera la modification de la perméabilité intestinale évaluée à l’aide d’un marqueur surrogate, le taux plasmatique de sCD14.
Les critères secondaires seront les changements dans le comportement alimentaire, évalué par des questionnaires spécifiques, la composition du microbiote intestinal (par séquençage ADN 16s), les marqueurs de perméabilité et translocation bactérienne (lipopolysaccharide, lipopolysaccharide binding protein, flagellin, faecal albumin and zonulin), les paramètres biologiques d’inflammation systémique et hépatique (sCD163, sCD206, HMGB1, osteopontin, CRP, ferritin, transferrin, TNF-α, IL-1β, IL-6, IL-8), les questionnaires psychologiques (Alcohol Timeline Followback, Obsessive-Compulsive Drinking Scale, Hamilton Anxiety Rating Scale, Urgency Premeditation Perseverance Sensation (UPPS) impulsive behaviour ) et la tolérance gastro-intestinale.

 

Impact attendu sur la santé publique :

 

L’alcool est l’une des sources de maladies évitables la plus courante dans le monde. Les atteintes liées à l’alcool sont multisystémiques, ce qui entraîne une diminution de l’espérance et de la qualité de vie des personnes atteintes. Les options thérapeutiques spécifiques sont limitées tant pour le sevrage alcoolique que pour les maladies liées à l’alcool. En outre, le taux de rechute chez les patients avec un mésusage de l’alcool après les différentes stratégies d’intervention disponibles est élevé. Trouver de nouvelles stratégies thérapeutiques est essentiel pour ces patients et pour la société, car l’alcool est responsable de 3,3 millions de décès dans le monde. Cibler le microbiote intestinal par le biais d’une intervention nutritionnelle pourrait être d’un grand intérêt car ce type de traitement a peu d’effets indésirables et des bénéfices globaux pour la santé, notamment dans une condition comme le mésusage de l’alcool, qui induit des atteintes multi-systémiques.

 

Perspectives :

 

Si notre hypothèse est correcte, cette étude de preuve de concept servira de base à la planification d’essais de phase III chez les patients ayant un mésusage de l’alcool ou des complications liées à l’alcool, telles que la maladie alcoolique du foie ou la pancréatite alcoolique, qui ont une mortalité élevée et pour lesquelles il n’existe que peu d’options thérapeutiques.

Equipes du projet

Coordonnateur :

PERLEMUTER Gabriel

N° ORCID : 0000-0001-9985-8725

Structure administrative de rattachement : APHP, Hôpital Antoine Béclère

Laboratoire ou équipe : INSERM U 996

N° RNSR : 201019138N


Autres équipes participantes :

Responsable 2 : CASSARD Anne-Marie
INSERM U 996


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