Influence de la présence d’un congénère sur la consommation de drogue et son substrat neurobiologique : une affaire de genre et de type de drogue ?

Résumé de soumission

L’addiction se développe dans un contexte social, ce que la neurobiologie a peu étudié. Les études chez le rat portent sur l’effet récompensant d’un contact social proposé comme alternative à la drogue. Elles montrent que des rats choisissent le contact social plutôt que la cocaïne, mais préfèrent l’alcool au contact social. Toutefois, les consommateurs de drogues le font souvent en présence d’autres individus et, plutôt que d’offrir le contact social comme récompense alternative, nous avons choisi d’étudier l’influence de la présence physique d’un congénère pendant la consommation de drogue.
Nous avons montré que la présence d’un congénère induit une baisse de consommation de cocaïne chez le rat, comme chez des humains, et que la présence d’un pair étranger induit une plus forte diminution de consommation que celle observée en présence d’un pair familier.
L’influence du congénère semble varier en fonction de la substance consommée puisque nous avons observé que la présence d’un congénère familier ou étranger induisait une augmentation de consommation d’alcool. Pour vérifier si c’est le type de substance (stimulante comme la cocaïne ou relaxante comme l’alcool) ou le mode d’administration qui induit cette différence, dans ce projet nous testerons l’héroïne, une drogue relaxante comme l’alcool qui s’injecte comme la cocaïne.
Nous avons utilisé des rats mâles. Ici, nous testerons également des femelles dans les diverses situations de consommation de cocaïne et d’héroïne en présence de différents types de congénères.
Concernant le substrat neurobiologique de l’influence sociale sur la prise de drogue, nous avons montré que le noyau subthalamique (NST) est central dans les processus motivationnels et l’addiction : son inactivation par lésion ou par stimulation cérébrale profonde a des effets bénéfiques sur chacun des critères de l’addiction testés. Nous avons révélé son implication dans l’influence exercée par les pairs sur la consommation de cocaïne ou d’alcool chez le rat mâle. SEXDRUGSOCIO propose d’étudier la contribution du NST et d’identifier les éléments de son réseau impliqués dans l’influence du contexte social sur la consommation de diverses substances.
SEXDRUGSOCIO déterminera si l’influence d’une présence sociale sur la prise de drogue dépend du genre (WP1), du type de drogue (WP2) et quel est son substrat neurobiologique (WP3)
Dans nos expériences, les rats sont implantés avec un cathéter intraveineux permettant l’auto-administration de drogue. La consommation de drogue est réalisée dans des boîtes opérantes séparées en 2 par un grillage permettant de placer un pair observateur dans l’autre compartiment pendant toute la durée de la session (2h).
WP1: Influence de la présence d’un pair sur la prise de cocaïne dépend-elle du genre?
WP1.1 testera les femelles en présence d’une ratte familière (partenaire de cage) ou étrangère (d’une autre cage)
Nous attendons des résultats similaires aux mâles puisque chez l’homme nous n’avons pas montré de différence de genre. Cependant les rattes répondent différemment des mâles aux drogues après un stress. Nous testerons donc différentes situations d’observateur de sexe opposé:
WP1.2 mâles observés par femelles
WP1.3 femelles observées par mâles
WP2: Influence du type de drogue dans la modulation de consommation induite par la présence d’un pair?
Nous testerons si l’influence des congénères est différente lorsque les rat(te)s consomment de l’héroïne et non de la cocaïne.
WP2.1 testera l’influence d’un pair familier ou étranger sur l’auto-administration d’héroïne chez des mâles, WP2.2 chez des femelles, WP2.3 des mâles observés par des femelles et WP2.4 des femelles observées par des mâles.
Nous faisons l’hypothèse que des animaux prenant de l’héroïne verront de manière moins stressante certains contextes sociaux tels que la présence d’un individu familier dominant et devraient consommer moins.
WP3: Substrat neurobiologique?
WP3.1 Contribution du NST
Nous inhiberons les neurones du NST par optogénétique au moyen d’un virus AAV-ARCHT3.0-EYFP et activerons le laser dans les diverses conditions de contexte social testées au WP1 et WP2
WP3.2 Contribution du réseau du NST?
Le NST reçoit des projections du cortex préfrontal mais aussi de l’amygdale basolatérale (BLA), connus pour leur implication dans les comportements sociaux. Nous utiliserons la photométrie par fibre pour enregistrer sélectivement l’activité calcique de chacune de ces voies pendant la prise de drogue dans les différentes conditions des WP1 et WP2. La GCaMP sera exprimée dans les projections cortex-NST et BLA-NST par transport rétrograde de Cre depuis le NST.
SEXDRUGSOCIO devrait permettre de mieux comprendre les conditions de présence sociale qui permettent de réduire la consommation de drogue. Ce projet pourrait conduire à des suggestions dans le cadre de politique de prévention des risques, mais aussi d’interventions chirurgicales ciblant le NST pour le traitement des addictions.

Equipes du projet

Coordonnateur :

BAUNEZ Christelle

N° ORCID : 0000-0002-4368-652X

Structure administrative de rattachement : Aix Marseille Université AMU

Laboratoire ou équipe : Institut de Neurosciences de la Timone, Aix-Marseille Université & CNRS

N° RNSR : 201220346T

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