HAWA – Evaluation d’une intervention d’éducation au lavage des mains sur les abcès auprès des personnes qui injectent des drogues

Résumé de soumission

Introduction
Au-delà du risque de transmission du VIH et de l’hépatite C, l’injection de substances psychoactives est associée à de nombreuses autres complications dont des infections non virales. La prévalence de ces infections bactériennes ne semble pas avoir diminué substantiellement parmi les personnes qui s’injectent des drogues (PQID) malgré la mise en place de mesures de réduction des risques, telle que la distribution de matériel d’injection stérile et les conseils associés. Le lavage des mains pourrait permettre de réduire considérablement la présence de bactéries sur la peau et d’empêcher la survenue des infections associées. Aujourd’hui, près de la moitié des PQID ne se lavent pas ou peu les mains avant l’injection soit par manque de connaissances, par manque d’accès à l’eau et au savon et aussi à cause de l’urgence de l’injection. Le lavage des mains tel qu’il est promu en milieu hospitalier consiste en une désinfection des mains avec une solution hydro-alcoolique (SHA) avant l’injection. Il a été proposé récemment d’adapter l’outil SHA à la population des PQID à travers une solution en format monodose avec un schéma d’utilisation simplifié et une éducation associée basée sur la technique « les bouts des doigts d’abord » évaluée par Tschudin-Sutter et al. (2017).

 

Hypothèses de recherche
L’hypothèse principale est qu’une intervention éducative de lavage des mains qui comprend la distribution de sachets de SHA en monodoses et une formation à la bonne technique de lavage des mains réduira le nombre d’abcès aux sites d’injection des PQID.

 

Objectifs
L’objectif principal de ce projet est d’évaluer l’efficacité de la distribution de sachets de SHA à dose unique dans le cadre d’une intervention éducative sur le lavage des mains dans une population de PQID suivie de CAARUD. L’efficacité de l’intervention sera évaluée en fonction de la réduction des abcès (observés et autodéclarés). Les objectifs secondaires seront multiples :
– étudier l’adoption de la SHA et son utilisation parmi les autres méthodes de lavage des mains
– étudier l’observance à la SHA
– évaluer la tolérance au SHA (dont les évènements indésirables)
– mesurer la satisfaction des PQID
– étudier le mésusage de la SHA
– surveiller la survenue de complications cutanées (autres que les abcès)
– étudier l’amélioration globale des gestes d’asepsie réalisés pour une injection
– créer un outil d’évaluation interne de la promotion du lavage des mains dans les CAARUD
– réaliser une analyse de coût efficacité.

 

Méthodes
Ce projet de recherche communautaire est basé sur un essai randomisé en cluster qui vise à recruter deux groupes de PQID dans 28 centres investigateurs (CAARUD de AIDES) :
– un groupe témoin recruté dans des CAARUD qui ne recevront pas l’intervention ;
– un groupe intervention recruté dans des CAARUD qui proposeront à tous les PQID une éducation au lavage des mains et la distribution de SHA en monodose.
Chaque participant sera suivi pendant 6 mois avec 3 questionnaires à l’inclusion (M0), 3 mois et 6 mois. Une personne formée dans chaque CAARUD observera les complications cutanées liées à l’injection et recueillera les données objectives par questionnaire et par prise photographique. Les analyses statistiques consisteront à comparer dans les 2 groupes le taux d’abcès relevés par les personnes formées grâce à des modèles de régression logistique qui prendront en compte toutes les covariables pouvant influencer la survenue d’abcès.
Egalement, une étude cout efficacité aura lieu à la fin de l’essai afin de projeter les bénéfices pour les individus (années de vie ou QALY gagnées) et les coûts médicaux évités sur le long terme de l’intervention. Un modèle sera également utilisé pour projeter l’impact de l’intervention en cas de mise à l’échelle nationale et sur le long terme.

 

Résultats attendus en termes de santé publique
Plus que l’impact d’un accès à la SHA en monodose, nous souhaitons montrer qu’une éducation au lavage des mains a un impact majeur sur les complications bactériennes cutanées dans cette population. Si l’accès à un outil adapté pour le lavage des mains permet de réduire la survenue d’abcès, il est attendu que cela ait aussi un impact sur des infections plus profondes comme les endocardites ou les septicémies. A l’ère de la pandémie de Covid, replacer le lavage des mains au centre de la réduction des risques semble opportun et dépasse largement l’impact sur ce virus nouveau.

 

Perspectives
Les données de notre étude seront utilisées pour favoriser l’accès aux SHA dans les structures de réduction des risques. Ce projet doit déboucher sur une réflexion pratique sur les nouveaux outils de réduction des risques pour le lavage des mains et des recommandations de bonnes pratiques. Cette étude apportera des preuves scientifiques à la question de savoir s’il faut ajouter un outil de lavage des mains à la liste des outils déjà validés et recommandés pour les PQID par la Direction Générale du Ministère de la Santé (DGS).

Equipes du projet

Coordonnateur :

ROUX Perrine

N° ORCID : 0000-0002-5069-4982

Structure administrative de rattachement : Aix Marseille Université – AMU Faculté des sciences médicales et paramédicales , INSERM et IRD

Laboratoire ou équipe : UMR 1252 SESSTIM (Sciences économiques et sociales de la santé et traitement de l'information médicale)

N° RNSR : 200817366W


Autres équipes participantes :

Responsable 2 : MICHELS David
AIDES


Responsable 3 : PERREAUT Lola
Nouvelle Aube


Responsable 4 : DEUFFIC-BURBAN Sylvie
INSERM


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