Expérimentation d’un programme de prévention des violences dans les relations amoureuses « Sortir Ensemble & Se Respecter » chez des jeunes

Contexte : Les violences dans les relations amoureuses (VRA) représentent un véritable problème de santé publique. Les jeunes (adolescents et adultes émergents) sont particulièrement concernés par cette problématique puisque qu’environ un tiers d’entre eux a été victime et un tiers auteur d’un fait de violence au sein du couple (violence bidirectionnelle le plus souvent). Le fait d’être victime de violence durant l’enfance et/ou à l’adolescence est un facteur de risque important de revictimisation à l’âge adulte. Les conséquences des VRA sont multiples à court et long termes : dégradation de l’estime de soi, troubles anxio-dépressifs, conduites addictives et suicidaires, répercussions dans les relations interpersonnelles ultérieures, etc. La crise sanitaire que nous sommes en train de vivre liée à la COVID-19 a révélé une augmentation très importante des violences dans les couples et montre l’importance de les prévenir et ce dès le plus jeune âge.
Les politiques publiques insistent sur la nécessité de développer des programmes en promotion de la santé qui ont fait preuve de leur efficacité, c’est-à-dire des programmes probants. Nous savons que les actions ponctuelles, non inscrites dans une continuité de projet ne sont pas efficaces en termes de stratégie de « prévention santé ». Actuellement, il existe très peu de programmes de prévention universelle des VRA probants. Seul le programme « Safe Date » (1, 2) a montré une efficacité réelle en termes de prévention des comportements violents chez les jeunes. Ce programme a été adapté au contexte francophone suisse et s’intitule « Sortir Ensemble & Se Respecter » (3, 4). Il s’adresse plus spécifiquement aux 13-18 ans, mais il est aussi efficace chez les jeunes adultes. Il est réalisé sur 9 séances d’1h15 et emploie des stratégies en éducation pour la santé, notamment par le développement des compétences psychosociales (CPS). Le développement et le renforcement des CPS représentent un puissant levier en éducation pour la santé pour prévenir les comportements à risque et promouvoir la santé.
Objectif : Ce projet pilote a pour objectif principal l’étude de la faisabilité, de la transférabilité et de l’évaluation du programme SE&SR en France qui sera appliqué à un échantillon de jeunes français de 14 à 25 ans en région Centre-Val de Loire (CVDL).
Méthode : Le projet suit une méthodologie en 3 volets (18 mois).
 Volet°1 (4 mois) : Étude de la faisabilité de la transférabilité du programme suisse vers le lieu d’expérimentation (région CVDL) à partir de la grille ASTAIRE (5).
 Volet°2 (6 mois) : Transférabilité et expérimentation du programme SE&SR en région CVDL dans 5 structures volontaires accueillant des adolescents et jeunes adultes qui pourraient être un collège, un lycée, un foyer logement, une mission locale et un centre de formation d’apprentis (CFA) pour reproduire l’étude de faisabilité suisse (4, 6, 7). L’échantillon envisagé est de 200 à 220 jeunes de 14 à 25 ans.
 Volet°3 (8 mois) : Évaluation, capitalisation et transfert de connaissances. Le modèle de l’étude de faisabilité suisse sera repris et amélioré pour étudier la transférabilité et l’efficacité du programme. Pour estimer le processus d’expérimentation du programme et sa transférabilité, des focus groups seront réalisés auprès de jeunes ayant suivi le programme, ainsi qu’auprès de professionnels qui les encadrent (2 focus groups/structure). L’efficacité du programme sur les représentations et attitudes des participants sera étudiée par différents questionnaires standardisés pré et post programme (immédiatement à la fin du programme et 6 mois après). L’impact du programme sur la diminution des VRA (comportements) sera évalué par leur diminution pré- et post-intervention, et les données comparées aux résultats suisses.
Ce projet et sa méthodologie s’inscrivent dans une dynamique de recherche-action, portée par plusieurs partenaires académiques (3 équipes de recherche universitaires associées) et interventionnels (Fédération Régionale des Acteurs en Promotion de la Santé – FRAPS – du CVDL et les structures de lieux d’expérimentation).
Perspectives : Si le programme SE&SR s’avère transférable et efficace en France, il pourra être implémenté plus largement par la mise en œuvre de formations de formateurs qui pourront permettre sa diffusion aux acteurs de terrain et constituer ainsi un des premiers programmes de prévention universelle des VRA en France, basé sur des données probantes. Il pourra également être testé auprès de jeunes adultes auteurs de violences conjugales (identifié par la Justice et/ou par les circuits de soins spécialisés) pour mesurer son efficacité en tant que stratégie de prévention secondaire.