Etude exploratoire des réseaux sémantiques des patients présentant un trouble de l’usage d’alcool

Résumé de soumission

Contexte : Le trouble de l’usage d’alcool (TUAL) est un problème majeur de santé publique, caractérisé par un taux de rechute élevé. Les consommations chroniques et excessives d’alcool entrainent notamment des altérations cérébrales frontales ainsi que des déficits cognitifs tels que des troubles des fonctions exécutives et un biais attentionnel pour les indices liés à l’alcool, qui participent au risque de rechute. En effet, les patients TUAL traitent préférentiellement les indices liés à l’alcool, ce qui pourrait refléter une réorganisation de leurs réseaux sémantiques. Nous posons l’hypothèse que chez les patients TUAL, les associations sémantiques sont réorganisées avec une centralité plus importante des éléments liés à l’alcool. A notre connaissance, aucune étude n’a exploré les associations sémantiques et/ou les réseaux sémantiques dans le trouble de l’usage d’alcool.
Une étude, menée chez des patients cérébro-lésés, a montré que des lésions du cortex frontal sont associées à des associations sémantiques excessivement fortes et à des difficultés à générer des associations sémantiques plus distantes. Ce pattern d’association sémantique excessive pourrait diminuer la capacité à inhiber les automatismes et à s’adapter à un nouveau contexte.

 

Objectifs : L’objectif de cette étude est d’explorer si l’organisation des associations sémantiques des patients TUAL diffère de celle des volontaires sains, et si cette organisation influence les consommations d’alcool au cours des mois suivant le sevrage. Nous allons également étudier les liens entre cette organisation sémantique et les performances cognitives. Dans ce but, nous utiliserons deux tâches verbales originales (une tâche d’association sémantique simple, FGAT et une tâche de jugement relationnel sémantique, AJT), évaluant les associations entre des mots et permettant d’estimer les réseaux sémantiques en utilisant la théorie des graphes, en association avec des tests neuropsychologiques, chez des patients TUAL et des volontaires sains.

 

Hypothèses : Nous posons l’hypothèse que les consommations d’alcool induisent une réorganisation des associations sémantique chez les patients TUAL qui peut être mise en évidence par nos tâches d’associations sémantiques. Nous nous attendons à ce qu’à la FGAT, les patients produisent plus de mots liés à l’alcool, en réponses à des mots-ambigus, que les volontaires sains. A l’AJT, les patients devraient évaluer les relations entre les mots liés à l’alcool et les mots ambigus avec plus de force que les volontaires sains. Nous pensons également que chez les patients TUAL, les mots liés à l’alcool et les mots ambigus seront plus centraux que les mots neutres. Nous posons également l’hypothèse qu’un niveau élevé d’impulsivité, ainsi que des troubles de flexibilité et un biais attentionnel pour l’alcool importants seront liés à une production plus importante de mots liés à l’alcool à la FGAT, et à des relations plus importantes entre les mots ambigus à l’AJT. Nous pensons que les patients TUAL présentant des associations liées à l’alcool plus fortes seront ceux qui rechutent le plus. Enfin, nous pensons que chez les patients TUAL, une évolution des performances aux tâches sémantiques pourrait être observée au cours du suivi de trois mois. Cette évolution pourrait être influencée par les consommations d’alcool au cours des trois mois de suivi.

 

Méthodologie : Cette étude comprendra un groupe de 30 patients TUAL et un groupe de 30 volontaires sains. Les deux groupes seront évalués deux fois, une première évaluation (T1) sera réalisée après le sevrage (pour les patients) et une seconde évaluation trois mois après (T3). Pour les deux groupes, les évaluations T1 et T3 comporteront des tâches d’associations sémantiques (FGAT et AJT). Pour les patients, des tests neuropsychologiques évaluant l’impulsivité, la flexibilité et le biais attentionnel seront réalisés en T1 et en T3. De plus, les données concernant les consommations d’alcool des patients TUAL au cours des 30 derniers jours seront recueillies six semaines (T2) et trois mois (T3) après le sevrage afin de déterminer le statut addictologique.
Cette étude combine des comparaisons transversales entre les patients TUAL et les volontaires sains à T1, ainsi que des comparaisons longitudinales entre T1 et T3 pour évaluer l’évolution des performances aux tâches d’associations sémantiques chez les patients et les volontaires sains.

 

Perspectives : Selon les résultats de cette étude, l’exploration des réseaux sémantiques se poursuivra avec un projet complet. Une première partie comprendra des examens d’imagerie cérébrale avec notamment une modalité de resting state. Une deuxième partie aura pour but d’étudier l’effet d’une thérapie cognitive qui pourrait contribuer à diminuer le taux de rechute, et par conséquent avoir un impact important sur la santé publique, en réduisant considérablement le coût sociétal de cette pathologie.

Equipes du projet

Coordonnateur :

BLOCH Vanessa

N° ORCID : 0000-0002-2582-6349

Structure administrative de rattachement : INSERM

Laboratoire ou équipe : UMR-S1144

N° RNSR : 201420735G


Autres équipes participantes :

Responsable 2 : VOLLE Emmanuelle
Inserm U1127, SU


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