Consommation d’alcool, morbidité et mortalité associées à la cirrhose et au carcinome hépatocellulaire en France d’Outre-Mer

Résumé de soumission

La cirrhose est une maladie hépatique irréversible qui peut conduire au développement d’un cancer appelé carcinome hépatocellulaire (CHC). En France, l’alcool est la première cause de cirrhose et CHC. Pour prendre des mesures visant à réduire le nombre de malades et de décès consécutifs à une consommation d’alcool, il est nécessaire de mieux comprendre les mécanismes de progression.

 

En 2017, 91,9% des Français âgés de 18 à 75 ans ont bu au moins une fois dans l’année de l’alcool. Parmi eux, 10% boivent quotidiennement. Les habitudes de consommation d’alcool varient selon le sexe, l’âge et les territoires. En particulier, les habitudes de consommation entre la Métropole et les Outre-Mer diffèrent. La consommation quotidienne d’alcool dans ces territoires, varie de 5,2% en Guyane à 7,0% en Martinique, sans que la différence entre les territoires ultramarins ne soit significative. Concernant la consommation d’au moins 6 verres en une occasion (« binge drinking ») de manière au moins mensuelle, la Guadeloupe (10.5%), La Réunion (11.9%) et la Guyane (13.0%) ont des prévalences significativement plus faibles qu’en Métropole (16.2%) alors que ce n’est pas le cas pour la Martinique (14,7%). Pour autant, il n’existe pas de consommation d’alcool sans risque pour notre santé, mais des consommations plus ou moins risquées.

 

Les consommateurs d’alcool sont à risque de développer une maladie du foie chronique appelée maladie du foie liée à l’alcool (MFLA). Elle progresse du stade initial de stéatose vers des stades plus avancés de fibrose et de cirrhose, qui peut conduire au développement de complications : décompensation et CHC. La MFLA est une maladie asymptomatique avant l’apparition des complications, et nombre de patients sont diagnostiqués tardivement ce qui influence leur pronostic vital. En 2017, en France, environ 10 500 décès par cirrhose ou CHC ont été enregistrés, indépendamment de la cause de la maladie hépatique.

 

L’identification et le diagnostic précoces sont des actions essentielles pour réduire les conséquences d’une consommation excessive d’alcool, que ce soit en termes de nombre de malades ou de décès, en évitant ou en diagnostiquant plus tôt les complications. L’évaluation du bénéfice potentiel de telles actions de santé publique nécessite de connaitre, d’une part, les différentes étapes conduisant au développement des complications, et d’autre part, l’impact des facteurs de risque sur cette progression, afin de pouvoir déterminer les populations à cibler.

 

La modélisation mathématique fournit un cadre conceptuel, qui rassemble toutes les connaissances disponibles et les hypothèses raisonnables sur la progression d’une maladie pour reconstruire l’histoire naturelle de celle-ci et ainsi prédire les conséquences à long-terme de celle-ci.

 

L’objectif principal de ce travail est de reconstruire mathématiquement l’histoire naturelle de la MFLA et de prédire le nombre de malades et de décès associés dans les territoires ultramarins français, pour lesquels à ce jour aucune étude spécifique n’a été menée. Les objectifs secondaires sont d’estimer l’incidence de cette pathologie et d’identifier la population à risque.

 

Un modèle simulant la trajectoire de cohortes d’individus du moment où ils initient une consommation d’alcool associée à un risque hépatique jusqu’à leur décès sera développé. Deux étapes seront nécessaires pour alimenter et calibrer ce modèle : 1) caractériser la mortalité par cirrhose décompensée et par CHC liée à une consommation d’alcool à partir des données fournies par les bases du PMSI, 2) implémenter un modèle sur les données individuelles issues des enquêtes menées en population générale ultramarine pour estimer le processus d’entrée dans une consommation d’alcool à risque hépatique. Une fois le modèle calibré et validé, il sera utilisé pour prédire le nombre de malades et de décès futurs liée à la MFLA dans les territoires d’Outre-Mer.

 

Aucun travail ne s’est intéressé à la MFLA dans les territoires ultramarins français malgré leurs spécificités par rapport à la Métropole. Estimer la population ultramarine à risque de développer des dommages hépatiques liés à une consommation d’alcool excessive est nécessaire pour identifier le nombre d’individus qui devraient être dépistés pour cirrhose et CHC et ainsi améliorer la prise en charge et les stratégies de santé publique.

Equipes du projet

Coordonnateur :

MATHURIN Philippe

N° ORCID : 0000-0003-3447-2025

Structure administrative de rattachement : CHU de Lille, Hôpital Huriez

Laboratoire ou équipe : INFINITE-U1286

N° RNSR : 202023580Y


Autres équipes participantes :

Responsable 2 : DEUFFIC-BURBAN Sylvie
IAME. Inserm U1137


Responsable 3 : SYLVESTRE Emmanuelle
CHU Martinique


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