ComPaRe Addictions : une e-cohorte nationale d’usagers de substances nichée dans la plateforme de recherche collaborative ComPaRe

Les conduites addictives sont la première cause de mortalité évitable au monde et elles induisent des dommages considérables sur la santé et la vie sociale. Les addictions font parties des maladies chroniques selon la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), c’est-à-dire qu’elles nécessitent des soins au long cours, qu’elles diminuent l’espérance de vie des patients concernés et qu’elles sont une source majeure de handicap. Les substances qui engendrent le plus de dommages sont principalement le tabac et l’alcool, suivies ensuite par les opiacés, le cannabis, la cocaïne, le crack et les autres stimulants. La mortalité et le handicap causés par les addictions peuvent être évités par la mise en place de mesures de prévention à trois niveaux : la prévention primaire qui permet d’éviter l’installation de l’addiction, par exemple en limitant l’attractivité sociale de l’usage de certaines substances et à résister à l’influence des pairs, la prévention secondaire qui permet de soigner les personnes souffrant d’addiction (dépistage, diagnostic, orientation vers des dispositifs de soins et soutien), et enfin la prévention tertiaire qui vise à en limiter les risques et les dommages chez les personnes
souffrant d’addictions, par exemple en mettant à disposition des antidotes dans le cas d’une overdose à l’héroïne ou des informations sur la réduction des risques. Or, l’Addictologie, qui est une discipline relativement récente, ne dispose pas pour l’instant de tous les moyens scientifiques pour pouvoir répondre à ces enjeux prioritaires de Santé Publique. En particulier, il n’existe pas en France de cohorte de grande envergure de patients souffrant d’addictions et dédiée à l’Addictologie. Cet outil permettrait aux chercheurs de développer et d’implémenter des soins efficaces, réalisables en vie réelle et acceptables par les patients.

Objectifs

L’objectif du projet ComPaRe Additions est de mettre en place une cohorte de patients souffrant d’addictions, c’est-à-dire le recrutement d’un grand nombre de personnes souffrant d’addictions, soit environ 20 000 volontaires, et qui seront suivis sur une longue période.

Méthodes

Le projet ComPaRe Additions est pluridisciplinaire puisqu’il va intégrer des addictologues, des épidémiologistes, des sociologues et des patients experts. Afin de recruter un nombre suffisant de participants, des partenariats avec le milieu associatif et médicosocial, les institutions, et les sociétés savantes seront mis en place, et des campagnes d’information et de communication seront effectuées. Une attention toute particulière aux personnes en situation de précarité souvent exclues des cohortes sera accordée afin qu’elles soient suffisamment représentées. Cette stratégie a déjà permis à l’infrastructure de recherche ComPaRe de recruter environ 50 000 volontaires sur d’autres thématiques de santé. Le comité scientifique de ComPaRe Addictions, qui incluera également des patients, établira un socle commun de données à recueillir auprès des volontaires et celles-ci seront mises à disposition aux chercheurs qui en ont besoin. En effet, lors de leur recrutement puis tout au long de leur suivi, de nombreuses données seront collectées telles que des données de santé, démographiques et socio-culturelles par exemple via des questionnaires en ligne sur une plateforme dédiée et sécurisée pour garantir l’anonymat à tous les participants. Les données de l’Assurance Maladie seront également accessibles afin de connaître les historiques d’hospitalisations, de consultations médicales, de médicaments remboursés et d’arrêts de travail. Il sera aussi possible pour ces chercheurs de solliciter spécifiquement les volontaires de ComPaRe Addictions pour les besoins de leur projet de recherche (p.ex. : réalisation d’un bilan sanguin, passation de tests neuropsychologiques, réponse à d’autres questionnaires, réalisation d’un examen d’imagerie…).

Résultats attendus et perspectives

Grâce à ComPaRe Addictions, les chercheurs et les praticiens pourront mieux comprendre quelles sont les stratégies efficaces dans la prévention des addictions. C’est par exemple grâce à ce type d’outil que la cardiologie a pu identifier l’hypertension comme un facteur de risque d’infarctus du myocarde. Tous les chercheurs qui s’intéressent aux addictions pourront ensuite utiliser cette cohorte pour conduire leurs projets de recherche. Les patients pourront également participer activement en sollicitant les chercheurs pour qu’ils explorent les problématiques qui sont importantes pour eux, dans le cadre d’une démarche participative. Ainsi, ComPaRe Addictions sera
utile à toutes les équipes de recherche qui travaillent dans le champ des addictions et cette infrastructure permettra de faire avancer considérablement nos connaissances scientifiques pour améliorer la prise en charge des patients.