Autonomie du sujet âgé : Ses différents modes d’évaluation et ses relations avec la solitude.

Contexte. Alors que bien vieillir est devenu une priorité sociétale, il est nécessaire d’une part de mieux connaitre et comprendre le processus d’évolution vers la perte d’autonomie du sujet âgé, en considérant à la fois les difficultés objectivement rencontrées dans la vie quotidienne mais également les perceptions de la personne concernée. D’autre part, il est également crucial d’identifier des leviers d’action sur lesquels il est possible d’agir de manière efficace.
Objectif général. Décrire et comprendre le processus de perte d’autonomie du sujet âgé:
1) En comparant différentes approches de l’autonomie : autonomie perçue (AP) et « objective » (AO) et analyser l’apport de chacune d’elle dans l’évaluation de l’autonomie,
2) En évaluant dans quelle mesure la perception d’un récent déclin prédit une évolution défavorable ultérieure
3) En explorant les relations complexes entre solitude et perte d’autonomie.
Méthodes. Cette thèse sera réalisée sur 3 cohortes populationnelles sur le vieillissement (Paquid, Trois Cités et AMI), incluant initialement 14 073 personnes âgées de 65 ans et plus, suivies tous les 2 à 3 ans à leur domicile. Ces cohortes ont permis la collecte longitudinale de nombreux facteurs (socio-économiques, environnements, modes de vie et santé). L’autonomie objective (AO) était évaluée à l’aide des échelles usuelles de Rosow (mobilité), de Lawton (activités instrumentales de la vie quotidienne, IADL) et de Katz (activités de base, ADL) et également selon les performances pour réaliser certaines IADL en situation concrète (ex : préparer un pilulier à partir d’une ordonnance fictive). L’autonomie perçue (AP) a été évaluée selon le ressenti d’un déclin récent aux IADL et à l’aide de 2 questions (Que signifie être autonome pour une personne de votre âge ? Et vous, vous considérez-vous autonome ?). D’autres variables relatives à la perception et aux représentations du vieillissement ont également été collectées (représentations de la vieillesse, santé perçue, critères du Healthy Aging…). L’isolement social et la solitude ont été évalués à chaque suivi selon 2 questions (La personne vit elle seule ? S’est-elle sentie seule au cours de la semaine écoulée ?). Une première série d’analyses permettront d’évaluer l’apport de chaque approche (AP ou AO) dans la mesure de l’autonomie et dans la prédiction des évolutions ultérieures. D’autres viseront à analyser l’impact de la solitude sur la perte d’autonomie, mais également dans quelle mesure la perte d’autonomie peut elle-même être à l’origine de l’isolement et de la solitude.
Perspectives. Dans le domaine scientifique, social et des politiques publiques, ces recherches vont permettre d’améliorer la connaissance du processus d’évolution vers la perte d’autonomie du sujet âgé en prenant également en compte la perception que la personne a de son propre vieillissement et de son autonomie. Nous analyserons notamment dans quelle mesure, cette perception de déclin permet d’identifier les tous premiers signes sur lesquels il pourrait être opportun d’agir en priorité pour réduire les risques de dégradation ultérieure. Ces travaux viseront également à éclairer les politiques publiques sur l’importance de la problématique de la solitude en analysant finement ses relations avec l’autonomie.
Pour les personnes concernées, ces travaux devraient permettre de mieux prendre en compte le ressenti de la personne pour la rendre plus actrice de sa propre santé et mieux détecter les tous premiers signes de déclin pour agir individuellement pour ralentir ce déclin, avec notamment une attention particulière portée aux personnes souffrant de solitude.