Apport des semelles connectées à l’autonomisation dans la rééducation : apprentissages, pratiques et vécus de l’utilisations d’objets connectés pour la rééducation à la marche avec prothèse par les patients amputés du membre inférieur
Résumé de soumission
Contexte : La dernière décennie a vu une importante diffusion de capteurs embarqués fournissant à tout un chacun des données quantifiées pour suivre en temps réels son activité physique. Il s’agit de la production d’informations qui représentent à la fois des repères objectifs (quantifiés) et des traces de l’expérience vécue du corps. Dans le domaine clinique, ces outils permettent de poursuivre dans des environnements du quotidien les analyses réalisées auparavant exclusivement dans le cadre du laboratoire. Dans cette perspective, des semelles connectées sont actuellement testées pour la rééducation à la marche des personnes amputées des membres inférieurs appareillés dans des services de rééducation physique. Les informations produites par ces semelles peuvent servir soit aux thérapeutes pour une analyse plus contextuelle des données biomécaniques, soit au patient lui-même pour avoir des représentations de la transformation de ses mouvements corporels. En s’appuyant sur la dimension à la fois objective et personnelle des traces enregistrées, la promesse que portent ces dispositifs est donc celle à la fois d’une plus grande précision du schéma de rééducation ainsi que d’une majeure intégration et autonomie du patient dans son parcours d’apprentissage et rééducation. Objectifs : Le projet vise à enquêter sur l’introduction d’un intermédiaire technique (semelles connectées) dans le rapport entre le patient, son corps et le thérapeute dans le processus de rééducation à la marche des personnes amputées de membre inférieur. Nous émettons l’hypothèse que cette nouvelle relation pourrait modifier 1. les pratiques de la rééducation dans le travail du personnel de soin, 2. le rapport au corps et à la rééducation des patients, 3. la marge d’autonomie et d’« auto-rééducation » des patients. Il s’agira, en particulier, de comprendre comment la possibilité de disposer d’un retour en temps réel des mouvements de la marche même dans le cas d’une sensibilité « perdue » (celle de la force de pression au sol du membre amputé) modifie le rapport au corps du patient. Cela permettrait donc des repérer des facteurs non techniques qui peuvent déterminer le succès ou l’insuccès de l’utilisation de ces instruments dans le processus de rééducation. D’autre part, la recherche se propose d’étudier la transformation de la relation patient-thérapeute lorsqu’un dispositif technique permet un suivi en temps réel et en possible autonomie de l’engagement de la personne amputé dans son processus de rééducation. Méthodes : Le projet suivra le test clinique d’une semelle connectée financé par la Fondation de la Recherche Médicale et réalisé principalement à l’Institut Régional de Médecine Physique et de Réadaptions de Nancy (projet SOCUR). Cela permettra d’observer l’ensemble du processus de rééducation de plusieurs patients. En mobilisant une méthode ethnographique (observations participantes et entretiens ouverts et semi-dirigés), nous réaliserons cette recherche de terrain tout d’abord par des observations des interactions entre le patient, le thérapeute et les données produites par les instruments au cours des séances de rééducation. Nous inviterons par la suite les patients à restituer leur vécu à travers des entretiens semi-directifs qui pourront également se servir de la méthode de l’auto-confrontation en utilisant les traces enregistrées. Cela permettrait de saisir comment les patients regardent leur corps en mouvement à travers la médiation de la trace technique. Enfin, cette recherche s’appuiera sur la méthode de l’observation participante pour suivre la transformation du rôle des thérapeutes à travers une participation active aux réunions de pilotage du test clinique. Prospective : Le projet vise à ouvrir une réflexion sur le rôle que les capteurs embarqués peuvent jouer dans l’appropriation des prothèses de la part des amputés appareillés. En effet, au-delà de la phase de rééducation qui est l’objet de cette recherche, le potentiel de ces instruments de suivi laisse imaginer une utilisation plus diffuse dans la vie quotidienne. Ces données pourraient à la fois servir aux personnes amputées pour mieux intégrer la prothèse à leurs quotidiens et aux thérapeutes et concepteurs pour affiner leurs méthodes. Ces perspectives posent la question de la nature et des régimes de production de ces données à la frontière entre la trace intime, la donnée médicale et l’information technique
Equipes du projet
Coordonnateur :
PILLON Thierry
Structure administrative de rattachement : Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Laboratoire ou équipe : CETCOPRA CENTRE D'ETUDE DES TECHNIQUES DES CONNAISSANCES ET DES PRATIQUES EA 2483
Autres équipes participantes :
Responsable de l'équipe 2 : PAYSANT Jean
Equipe DevAH, Développement, Adaptation et Handicap EA3450,
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