Les addictions dans la prévention secondaire des accidents vasculaires cérébraux (ADDICT-STROKE)

Résumé de soumission

Dans nos sociétés modernes, les mésusages de substances et les addictions sont très fréquents, sont très souvent associés à d’importantes difficultés émotionnelles comme l’anxiété et la dépression, et ont des conséquences nocives sur le fonctionnement social et la santé physique, dont les accidents vasculaires cérébraux (AVC). Chaque année 13,7 millions de personnes dans le monde -dont de 140000 en France-, en sont victimes. L’AVC est la première cause de mortalité chez la femme, la deuxième chez l’homme et la première cause d’handicap acquis chez l’adulte. Les AVC sont à 90% dus à des facteurs de risque dits modifiables, c’est-à-dire typiquement et très majoritairement les habitudes de vie liées aux consommations (ex : tabac, alcool, alimentation déséquilibrée), justifiant que la Haute Autorité de Santé préconise l’arrêt de ces consommations pour favoriser la récupération post-AVC. En dehors de l’alcool et du tabac, l’étude de l’impact de la consommation de drogues sur le risque d’AVC est rare, et celle des addictions ou des comportements alimentaires de type addictif sur le risque et le devenir post-AVC est anecdotique.

 

Ainsi, d’un point de vue de la recherche, la fréquence des comportements addictifs, leur association avec les types et sévérité des AVC, ainsi que leurs conséquences sur le devenir des patients sont à ce jour insuffisamment explorées pour guider la pratique clinique. De plus, l’impact potentiel des modifications des habitudes de vie requises après un AVC sur l’état émotionnel post-AVC est jusque-là négligé. Pourtant, nos travaux récents suggèrent que les comportements addictifs augmentent le risque de souffrir d’une dépression et/ou d’une anxiété dans les mois qui suivent l’AVC, conditions connues pour impacter négativement le pronostic.

 

D’un point de vue clinique, les addictions sont difficilement repérées et donc traitées en routine clinique neurovasculaire. Il est donc urgent de permettre à ces professionnels de santé non spécialisés en addictologie d’une part de disposer d’un outil de dépistage simple et valide, et d’autre part de développer des modalités de prise en charge des comportements addictifs adaptées aux personnes victimes d’AVC.

 

Les objectifs de ce projet sont donc :

 

1) de déterminer chez des personnes victimes d’AVC l’impact des addictions en termes de fréquence et de retentissement sur la sévérité de l’AVC. Nous nous attendons à observer une prévalence plus importante de troubles de l’usage de substances qu’en population générale de même âge. Le profil addictif et sa sévérité seraient des facteurs de sévérité de l’AVC, de ses complications et donc du devenir post-AVC.

 

2) de tester la validité en population AVC d’un outil clinique standardisé de dépistage de ces consommations. Nous faisons l’hypothèse que l’outil ASSIST développé par l’OMS est fiable et valide pour une utilisation en population AVC.

 

3) d’explorer l’acceptabilité d’un outil de e-santé dans le suivi et la prise en charge des patients. Nous faisons l’hypothèse que, pour les patients rentrant à domicile après leur AVC, plus de la moitié d’entre eux accepteront d’être suivis et accompagnés dans leur parcours de soin par une Application sur smartphone informant l’équipe clinique en temps réel de leurs difficultés et d’adapter leur prise en charge selon leurs besoins.

 

Pour tester ces hypothèses, nous nous appuierons sur deux cohortes de patients victime d’AVC, dont une a déjà été constituée. Les patients de la nouvelle cohorte rentrant à domicile se verront proposés une prise en charge complémentaire au suivi habituel par une technologie mobile. Il leur sera expliqué que l’outil de e-santé permettra la surveillance en temps réel de leurs éventuelles difficultés émotionnelles et de contrôle des consommations de substances et ainsi d’adapter si nécessaire la prise en charge immédiatement et de manière individualisée.

 

Pour atteindre ces objectifs, nous avons rassemblé les méthodologies de référence et expertises de cliniciens chercheurs en santé publique, addictologie, neurologie et neurosciences cliniques.

 

En termes de santé publique, l’identification précoce et la prise en charge des comportements addictifs, pourrait permettre d’améliorer le devenir des patients et réduire le fardeau humain et sociétal des complications post-AVC.

 

La mise à disposition d’un outil valide de dépistage pourrait être déployée à grande échelle dans les filières de soin en neurologie vasculaire. Par ailleurs, d’un point de vue des neurosciences appliquées, caractériser des marqueurs neurobiologiques pourrait constituer une première étape vers une médecine de précision permettant d’adapter davantage les stratégies thérapeutiques à l’échelle individuelle.

 

Enfin, l’étude interventionnelle pilote va permettre d’estimer la faisabilité un essai clinique d’efficacité qui impliquerait plusieurs unités neurovasculaires, et donc de disposer à terme d’une intervention personnalisée en e-santé dont l’efficacité aura été établie expérimentalement.

Equipes du projet

Coordonnateur :

BERTHOZ Sylvie

N° ORCID : 0000-0002-6862-2362

Structure administrative de rattachement : Université de Bordeaux

Laboratoire ou équipe : Institut des Neurosciences Cognitives et Intégratives d'Aquitaine, Equipe Neuroimagerie et Cognition Humaine, INCIA CNRS UMR 5287

N° RNSR : 201119416L


Autres équipes participantes :

Responsable 2 : SIBON Igor
Hôpital Pellegrin, Pôle Neurosciences cliniques. Unité de Neurologie Vasculaire


Responsable 3 : FATSEAS Melina
CHU de Bordeaux, Hôpital Haut Lévèque


Responsable 4 : SAILLOUR Florence
CHU de Bordeaux


Responsable 5 : M'BAILARA Katia
Université de Bordeaux. LabPsy, EA 4139, F-33000 Bordeaux


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