Accompagnement des médecins généralistes au bon usage des antibiotiques par une intervention de feedback sur les prescriptions d’antibiotiques

Contexte. L’antibiorésistance est une menace pour la santé publique mondiale. En France, chaque année, 125 000 personnes sont atteintes d’infections à bactéries multi-résistantes et 5 500 en décèdent. Pilier majeur de la lutte contre l’antibiorésistance, le bon usage des antibiotiques (BUA) consiste à limiter la surconsommation d’antibiotiques et leur usage inapproprié. En France, 77 % des antibiotiques sont prescrits en médecine de ville (dont 72 % par les médecins généralistes [MG]). Il est donc essentiel de proposer aux MG des interventions, construites avec eux, visant à améliorer leurs pratiques de prescription. Les interventions de feedback (retour d’information aux prescripteurs sur leurs performances cliniques) ont montré leur efficacité dans différents domaines et sont prometteuses pour l’amélioration des pratiques de prescriptions antibiotiques. Les études évaluant le feed-back sur les prescriptions d’antibiotiques ont cependant abouti à des résultats mitigés. Elles suggèrent notamment que pour être efficaces, les feed-back doivent être accompagnés d’actions facilitant les changements de comportement.
Objectifs. L’objectif principal du projet ANTIBIORESIST est d’évaluer l’effet d’un programme de BUA incluant un feed-back et des co-interventions, comparativement à la pratique courante, sur la quantité et la pertinence des prescriptions d’antibiotiques des MG de la région Grand Est. Les objectifs secondaires comprennent l’évaluation de processus et l’évaluation médico-économique du programme.
Méthodes.
Intervention. Le programme est centré sur un profil individuel de prescription envoyé à chaque MG une fois par an, afin de lui permettre d’évaluer ses pratiques, les modifier, puis d’en apprécier l’évolution. Ce profil est basé sur des travaux de recherche et un processus de consensus d’experts mené par les partenaires du projet, ayant permis de valider 12 proxy indicateurs de pertinence des prescriptions d’antibiotiques à l’échelle du prescripteur à partir des données du Système National des Données de Santé (SNDS). Le programme comprend également un accompagnement à l’évolution des pratiques professionnelles, personnalisable, incluant trois volets : (i) Formation : un catalogue de formations relatives au bon usage des antibiotiques, validantes pour le Développement Professionnel Continu (DPC) ; (ii) Outils de BUA : une « mallette » d’outils ayant fait la preuve de leur intérêt pour améliorer l’usage des antibiotiques (dont l’ordonnance de non-prescription, le site internet Antibio’Malin, la charte d’engagement au bon usage des antibiotiques) ; (iii) Accompagnement personnalisé : une démarche de coaching par des pairs et/ou experts en BUA sera proposée aux MG qui en ont le plus besoin et enclins à faire évoluer leurs pratiques. Le contenu de ce volet sera développé au début du projet, en impliquant les différentes parties prenantes, dans le cadre d’un processus de co-construction.
Evaluation. Les données du SNDS seront utilisées pour l’évaluation de l’effet du programme sur les prescriptions antibiotiques par une étude quasi-expérimentale de type « avant-après » et « ici-ailleurs » et pour l’évaluation médico-économique par une analyse de coût-efficacité. L’évaluation du processus sera conduite selon les recommandations du Medical Research Council et intégrera des approches mixtes (quantitatives et qualitatives).

Perspectives. Ce programme pourrait permettre de diminuer les prescriptions inutiles et/ou inappropriées d’antibiotiques par les MG. Les MG pourraient être davantage sensibilisés à l’antibiorésistance et améliorer leurs pratiques de prescription et la prise en charge de leurs patients. Un impact est attendu en termes de santé publique, avec une diminution de l’antibiorésistance et des coûts associés.