Robots sociaux et prise en charge de la dépendance : enjeux méthodologiques, sanitaires et sociaux

Résumé de soumission

Un nombre croissant d’institutions dédiées à la prise en charge de personnes dépendantes, qu’il s’agisse d’Ehpads ou de services de gérontologie, s’intéressent à la promesse des robots compagnons ou « sociaux » (SAR). Dans un contexte marqué par le vieillissement des populations, les contraintes fortes pesant sur les budgets sanitaires et sociaux et les limites des traitements médicamenteux, leur introduction représente une opportunité unique d’améliorer le quotidien de personnes socialement isolées du fait de leur vie en institution et/ou de capacités physiques et cognitives en déclin. Les sciences médicales se sont les premières efforcées de quantifier les effets de ces robots, mais elles sont confrontées à des difficultés pour traduire dans des critères comportementaux ou biologiques simples un objectif aussi complexe que l’amélioration du quotidien et de la vie sociale des personnes âgées.
Évaluer l’intérêt de ces robots sociaux et déterminer la place qu’ils peuvent prendre dans la prise en charge des personnes âgées nécessitent donc un travail fin d’analyse de leur développement, de leurs usages et du sens que leur donnent les individus (professionnels comme usagers), de leurs effets sur les individus (question du genre) et les structures de soins, une analyse dans laquelle les sciences sociales ont un rôle important à jouer. Nous souhaitons participer à cet effort dans une démarche à la fois pluridisciplinaire (associant anthropologie, sociologie, santé publique, gérontologie et robotique) et comparatiste (France-Japon), qui s’appuiera notamment sur la mobilisation de méthodes ethnographiques. Nous sollicitons dans le cadre de cet appel à projet un financement d’un contrat de définition d’une année qui nous permettra de mettre en place un cadre commun de description et de compréhension de ce que ces robots font au quotidien aux personnes âgées et aux institutions qui les accueillent, de préciser les hypothèses qui guideront notre programme de recherche comme nos stratégies d’enquête et de consolider nos équipes de recherche.
Ce projet rassemble deux équipes : la première, en France, dirigée par Sébastien Dalgalarrondo, associe des chercheurs spécialisés dans la sociologie et l’anthropologie des innovations médicales, du travail médico-social, de la santé mentale, du vieillissement et des établissements de soin, de l’anthropologie des sciences et des techniques, de la robotique et des neurosciences ; et une équipe réunissant des chercheurs japonais dirigé par Kodate Naonori, Assistant Professor à UCD School of Social Policy (Dublin/Irlande et chercheur associé à la Graduate School of Public Policy, Hokkaido University, ainsi qu’au Policy Alternatives Research Institute / University of Tokyo), et travaillant principalement sur les robots sociaux dans des démarches de politique publique et de santé publique, de gérontologie et de robotique.
Nous proposons de conduire trois tâches. Tâche I. Nous conduirons un travail de revue et d’analyse de la littérature existante dans les différentes disciplines mobilisées (anthropologie, sociologie, santé publique, gérontologie et robotique). Cette revue visera d’une part à dresser une typologie des robots sociaux et de leurs usages, notamment en prenant en compte les conditions de mise à disposition des personnes, et d’autre part à faire un état des lieux des méthodes et des approches de l’évaluation des robots sociaux. Tâche II. Nous conduirons deux études de terrain exploratoires. Une première étude ethnographique sur les usages des SAR dans deux services de prise en charge de la dépendance (France/Japon). Une étude qualitative, qui s’appuiera principalement sur des entretiens structurés, auprès des concepteurs de ces SAR (France/Japon). Les enquêtes au Japon seront conduites en collaboration étroite avec l’équipe japonaise. Tâche III. Nous organiserons enfin deux workshops (en France) et une conférence internationale finale (en France) sur le thème des robots sociaux et de la prise en charge de la dépendance.
La collaboration internationale nous permet surtout d’envisager la construction d’un réseau de recherche expert susceptible de pouvoir être mobilisé lors de programmes de recherche plus ambitieux (ANR / ERC), que ce contrat de définition vise à faire émerger. Grande promesse pour la gérontologie et la prise en charge des personnes âgées, les SAR constituent aussi une opportunité unique pour (re)penser le soin, le vieillissement et le travail de care. Les SAR doivent être appréhendés comme des technologies frontières qui remettent en question nos catégories de pensée et de jugement. Des technologies de rupture qui nous invitent à repenser le continuum entre bien-être et thérapie, entre conceptions et usages, entre disciplines médicales.

Equipes du projet

Coordonnateur :

DALGALARRONDO Sébastien

N° ORCID : 0000-0003-2117-2082

Structure administrative de rattachement : Inserm

Laboratoire ou équipe : IRIS-EHESS UMR 8156, Inserm U997

N° RNSR : 200812809T


Autres équipes participantes :

Responsable de l'équipe 2 : KODATE Naonori
UCD School of Social Policy


Vous êtes porteur/membre du projet et vous souhaitez faire une mise à jour ?

Dites-le nous !




    INSCRIVEZ-VOUS A NOTRE NEWSLETTER