Impact d’un programme d’activité physique en ligne sur la santé sexuelle et la fertilité des hommes obèses : une étude pilote

Contexte : La prévalence de l’insécurité alimentaire en France est estimée à 8 millions de personnes (étude INCA3). Le système d’aide alimentaire actuel, majoritairement basé sur des aides sous forme de produits alimentaires, a montré de nombreuses failles structurelles. Repenser la lutte contre la précarité alimentaire en France est devenu un enjeu majeur ; il est urgent d’identifier, expérimenter et évaluer l’efficacité de dispositifs de prévention de l’insécurité alimentaire qui répondent aux besoins des populations. Les interventions de transferts monétaires (TM) qui consistent en la distribution directe d’un moyen de paiement ont montré leur intérêt au niveau international, et font actuellement en France l’objet d’une réflexion portée par de nombreux acteurs associatifs et encouragée au niveau institutionnel. Cependant, il n’existe que très peu d’études ayant évalué l’acceptabilité et l’impact d’un TM dans un contexte français, et en particulier aucune étude n’existe sur des TM non restrictifs.
Le dispositif «Passerelle», porté par Action Contre la Faim (ACF) en partenariat avec la Fondation de l’Armée du Salut, consiste à procurer un TM pendant 4 mois et une orientation sociale individualisée à des ménages en situation de précarité. Un partenariat entre ACF et INRAE (UMR MoISA) a été établi et formalisé afin de co-construire une recherche interventionnelle autour du dispositif en 3 phases : 1-phase pilote, 2-phase de co-construction, 3-phase d’évaluation. La phase pilote, en cours depuis janvier 2022 a permis d’engager une dynamique partenariale forte entre les membres du consortium, de tester le déploiement du dispositif et la faisabilité d’une évaluation de ses impacts auprès de 200 ménages, et d’élaborer collectivement le projet PASSERELLE-EVAL.
Objectif : L’objectif général du projet proposé est d’évaluer l’impact, le processus et le coût-efficacité d’un dispositif de transfert monétaire non restrictif et d’orientation sociale destiné à des ménages en situation de précarité. Sur la base du partenariat ACF-UMR MoISA engagé lors de la phase pilote, il s’agira de i) co-construire les outils de l’évaluation (phase 3) en impliquant les acteurs du territoire et des personnes en situation de précarité, ii) évaluer l’impact du dispositif sur la qualité nutritionnelle de l’alimentation, la sécurité alimentaire et le bien-être des ménages, iii) conduire l’évaluation de processus du dispositif, iv) analyser les coûts du dispositif pour évaluer son coût-efficacité, et v) valoriser les résultats de l’étude auprès de la communauté scientifique et de la société civile.
Méthodes :
Design : PASSERELLE-eval est un essai contrôlé randomisé en grappes. Vingt structures (associations de proximité, etc.) identifiées pour participer au déploiement de l’étude seront randomisées en 2 groupes: 1) un groupe « intervention » au sein duquel les structures recruteront des ménages qui recevront un TM d’un montant de 60€/mois/unité de consommation pendant 4 mois et d’une orientation sociale ; 2) un groupe « contrôle » au sein duquel les structures recruteront des ménages qui bénéficieront uniquement de l’orientation sociale, et qui recevront le TM après la phase d’évaluation.
Participants: L’objectif est de recruter 226 ménages en situation de précarité dans chaque groupe (intervention et contrôle), soit un total de 452 ménages.
Évaluation de l’impact : Les critères de jugement principaux sont d’une part la qualité nutritionnelle de l’alimentation (via l’analyse des approvisionnements alimentaires des ménages) et d’autre part l’insécurité alimentaire (via des indicateurs validés estimés par questionnaire). Les critères secondaires incluent le bien-être, le niveau de détresse et de soutien social des ménages, et l’impact environnemental des approvisionnements alimentaires. Les mesures seront réalisées avant déploiement du dispositif, puis après 3 mois et 6 mois d’inclusion.
Évaluation des processus : Elle reposera sur la réalisation d’entretiens qualitatifs semi-dirigés avec des ménages issus des deux bras de l’étude ainsi qu’avec le personnel des structures concernées ; nous documenterons ainsi le fonctionnement du dispositif (l’identification des ménages et la distribution des TM), les facteurs bloquants et facilitants sa mise en œuvre, ainsi que la façon dont les ménages utilisent et perçoivent les interventions.
Évaluation économique : Elle reposera sur le recensement de l’ensemble des coûts de mise en œuvre du programme, afin de mesurer le coût-efficience (évalué par le ratio coût-transfert et le coût par bénéficiaire) et le coût-efficacité du programme (en rapportant les coûts à l’impact obtenu sur la qualité de l’alimentation, l’insécurité alimentaire et le bien-être).
Perspectives : Ce projet permettra d’enrichir les connaissances sur la faisabilité et les impacts de dispositifs de TM et ainsi d’alimenter les réflexions sur les approches alternatives à l’aide alimentaire en France.