Trajectoires et expériences croisées dans les systèmes d’aide à l’autonomie
Résumé de soumission
Le projet de recherche participative TRAJEX analyse l’élaboration et la mise en œuvre des systèmes locaux d’aide à l’autonomie des personnes âgées et des personnes avec handicap vivant à domicile, dans le contexte d’une offre déficitaire en services et en établissements dans de nombreux territoires et de conditions de travail et d’emploi souvent précaires pour les professionnels de l’aide et l’accompagnement au domicile. Pour comprendre les mécanismes individuels et collectifs qui déterminent la construction des systèmes d’aide aux personnes vulnérables, la recherche place la catégorie de qualité du soin au cœur de l’analyse des représentations, des pratiques et des trajectoires sociales des différents acteurs du domaine de l’autonomie. Elle propose notamment de croiser le point de vue et le vécu des principaux protagonistes de la relation d’aide, à savoir les personnes en situation de dépendance, les proches qui constituent souvent le premier soutien et les travailleurs et les travailleuses de l’aide. Cette microanalyse des trajectoires et expériences croisées dans la relation d’aide s’articule à une étude des contextes d’action publique qui déterminent, en partie, les catégories et les logiques d’action au sein des systèmes de prise en charge de la dépendance. Le projet se positionne donc au croisement de l’analyse des politiques de l’autonomie, des parcours de vie et du travail de care.La qualité du soin est une préoccupation partagée par l’ensemble des acteurs du domaine de l’autonomie. Il existe néanmoins une pluralité de normes du « bon soin », renforcée par la diversité des intervenants formels et informels auprès des personnes avec handicap ou en perte d’autonomie. L’ancrage en partie familial du travail de care et sa dévalorisation sociale ne contribuent guère à valoriser les enjeux de qualité dans ce domaine d’activité, qui échappent en grande partie aux aspects techniques, professionnels, procéduraux et réglementaires souvent observés dans le champ sanitaire. Afin de prendre en compte l’ensemble des enjeux politiques et pratiques soulevés par la perspective du care, le projet ambitionne de décloisonner la recherche sur l’aide à l’autonomie et propose une approche globale des systèmes d’aide qui articule l’ensemble des acteurs formels et informels intervenant dans les parcours de prise en charge de la dépendance. L’impératif de qualité du soin doit notamment être articulé aux enjeux de conciliation avec la vie personnelle et professionnelle des personnes vulnérables comme des travailleurs et travailleuses de l’aide, ce qui implique d’interroger la manière dont les rapports de genre sont travaillés par les systèmes de soin. Le contenu de l’activité d’aide, les conditions de sa mise en œuvre, ainsi que le sens que les acteurs donnent à ce travail sont également des éléments indispensables à prendre en compte pour aborder la question de la reconnaissance. Dans cette optique, la recherche interroge l’articulation des différents statuts de travailleurs et travailleuses du care à des parcours de formation, de qualification et de professionnalisation, ainsi qu’à des expériences de mobilisation et de résistance au travail.Le projet est structuré en trois axes qui articulent plusieurs volets d’investigation. L’axe 1 « Politiques de l’autonomie et action publique territoriale » vise à mettre au jour les cadres de l’action publique à partir d’une approche multiscalaire et comparative, afin d’éclairer les conditions d’élaboration des systèmes d’aide et de réalisation du travail de care. L’axe 2 « Parcours de vie des personnes dépendantes et construction des systèmes d’aide » analyse les arbitrages qui président au choix et à l’articulation des différents acteurs des systèmes d’aide à partir des parcours de vie des personnes en situation de dépendance. L’axe 3 « Trajectoires des acteurs de l’aide et sens au travail » a pour objectif comparer les trajectoires sociales et professionnelles des travailleurs et travailleuses de care quel que soit leur statut et le sens qu’ils et elles confèrent à leur travail. La recherche combine plusieurs méthodes d’enquête de type qualitative : entretiens semi-directifs, observations ethnographiques, travail d’archives, analyse des documents officiels, photographie. Concernant les terrains d’enquête, la recherche sera déployée au niveau national, ainsi qu’au niveau de trois départements afin de comparer les contextes locaux et les dynamiques territoriales. Au niveau de l’action publique (axe 1), des entretiens semi-directifs (40 entretiens au total) seront menés à l’échelle nationale comme à l’échelle départementale auprès des acteurs clés du domaine. Pour l’analyse des parcours de vie et la construction des systèmes de soin (axe 2), deux entretiens semi-directifs seront menés à 18 mois d’intervalle auprès des personnes vulnérables et de leurs proches (120 entretiens au total). Cette approche longitudinale vise à développer une analyse dynamique des cas et à centrer l’attention sur les processus. Des entretiens semi-directifs seront réalisés auprès d’un échantillon contrasté de 20 acteurs de l’aide par territoire enquêté (60 entretiens au total). La méthodologie proposée est également participative avec un comité de suivi qui associe les parties-prenantes à toutes les étapes de la recherche. Ce comité de suivi se réunira 2 fois par an afin de nourrir la recherche par le dialogue entre les avancées de l’enquête et les savoirs produits par les parties-prenantes. Il aura aussi pour mission de réfléchir à la diffusion des résultats de la recherche auprès des acteurs du domaine dès la remise du rapport intermédiaire. Le comité de suivi sera placé sous la co-responsabilité d’un membre des parties-prenantes et d’un membre des équipes scientifiques qui animeront les échanges et coordonneront la rédaction d’un document réflexif sur les apports et les limites de ce dispositif participatif qui sera intégré au rapport final.En croisant les trajectoires et les expériences des personnes directement concernées par la relation d’aide, la recherche TRAJEX produira des connaissances inédites sur l’élaboration et la mise en œuvre des systèmes locaux de soin aux personnes vulnérables vivant à domicile. Elle permettra de mieux comprendre les arbitrages opérés par ces différents types d’acteur face à l’impératif de qualité du soin à donner ou recevoir, et de conciliation avec la vie personnelle et professionnelle. Ce faisant, elle mettra au jour les mécanismes de production des inégalités sociales et de genre dans le travail de care et les enjeux de reconnaissance sociale et professionnelle
Equipes du projet
Coordonnateur :
TRENTA Arnaud
N° ORCID : 0000-0002-4491-8468
Structure administrative de rattachement : Ires
Laboratoire ou équipe : Institut de recherches économiques et sociales (Ires)
Autres équipes participantes :
Responsable de l'équipe 2 : RIST Barbara
Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique (UMR 3320 Cnam-CNRS)
Responsable de l'équipe 3 : BEROUD Sophie
Laboratoire Triangle (UMR 5206 CNRS)
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