L’évolution des modalités d’accompagnement médico-social : de l’institution totale à l’accompagnement total

Résumé de soumission

Contexte :

Dans les années 1960 et 1970, les établissements qu’ils soient psychiatriques, judiciaires, sociaux ou médico-éducatifs, ont fait l’objet de nombreuses critiques et remises en question (Castel, 1981) mobilisant des arguments d’ordres sociologico-éthiques, psychothérapeutiques et psychanalytiques ainsi qu’économiques et financiers. Faisant suite à ces préoccupations, la loi de 2002 a apporté, quel que soit le secteur et quelle que soit la population vulnérable bénéficiaire, la préoccupation de la division du travail sur autrui en incitant à la détotalisation des prises en charge tout en créant la possibilité d’une mise en réseau des acteurs et des dispositifs d’accompagnement de différents secteurs.
La baisse du recours à un dispositif unique dont l’activité peut s’apparenter à celle d’une institution totale a-t-elle réellement permis la détotalisation des prises en charge ?
Hypothèse : Les formes d’accompagnement médico-social se sont assouplies afin de s’adapter à chaque situation individuelle grâce à l’action d’un groupement de professionnels pluridisciplinaire had’oc dont la coordination permet de re-totaliser l’accompagnement.

 

Objectifs :
Deux axes de travail nous permettront de vérifier notre hypothèse principale. Le premier axe se centrera sur le travail des professionnels accompagnants. Il s’agira d’interroger la façon dont se légitime et s’organise cet accompagnement inter-dispositifs coordonné. Comment et avec quels « outils de recueil et de transmission des informations » (Robelet, Serré et Bourgueil, 2005, p. 245) parviennent-ils à maitriser la globalité voire la totalité de l’accompagnement de la personne dans un « esprit gestionnaire » (Ogien, 1995) ? Le second axe se centrera sur l’individu et son expérience au sein des différents dispositifs par une analyse en deux temps. D’une part la question sera de savoir quelle est la place de la personne vulnérable dans le réseau de professionnels. Est-elle soumise au savoir théorique et expérientiel des professionnels ou peut-il en être acteur ? D’autre part, nous analyserons l’impact d’un tel accompagnement sur l’expérience des individus ainsi accompagnés. L’objectif est de s’intéresser à ce que les individus comprennent de la situation sociale dans laquelle ils sont placés et à la façon dont ils donnent du sens à leurs actions dans ce contexte de prise en charge. Quelles sont les raisons qui les mènent à accepter cet accompagnement ? Comment s’y adaptent-t-ils ?

 

Méthode :
Deux terrains sont envisagés :
Suite au rapport Piveteau intitulé « « Zéro sans solution ». Le devoir collectif de permettre un parcours de vie sans rupture, pour les personnes en situation de handicap et pour leurs proches » datant de juillet 2014, la CNSA a lancé le projet « une réponse accompagnée pour tous » dont l’outil opérationnel est le dispositif d’orientation permanent (DOP). L’objectif est d’accompagner le parcours des personnes en situation de handicap dont la proposition d’orientation par la CDAPH n’a pas pu se concrétiser. Face à une telle situation d’attente ou d’impasse pour la personne handicapée qui ne peut profiter d’un service ou d’un établissement spécialisé qui pourtant lui a été notifié, la MDPH doit élaborer un plan d’accompagnement global (PAG) pour ne laisser personne sans solution. Pour ce faire, l’équipe pluridisciplinaire évaluative (EPE) de la MDPH s’appuie sur un groupe opérationnel de synthèse (GOS) qui réunit, outre l’EPE, des représentants de l’Agence régionale de santé (ARS), du conseil départemental et de l’Education nationale dans le cas d’enfants ou d’adolescents en âge scolaire et tous les autres professionnels potentiellement concernés par la situation. L’usager ou son représentant légal sont aussi invités. L’ensemble de ces acteurs élabore un PAG et doit prendre les mesures nécessaires pour assurer son suivi. Ainsi, pour chaque PAG, un coordonnateur de parcours doit être désigné et peut être un professionnel issu de l’Education nationale (enseignant référent par exemple), d’un service ou d’un établissement médico-social, d’un établissement ou service sanitaire.
Les ITEP n’échappent pas au processus de détotalisation, en tout cas dans les textes et les intentions. Un rapport de l’Association des ITEP et de leurs réseaux (AIRe) et de l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (UNIOPSS) datant de 2011 et intitulé « Le « dispositif ITEP » ; Pour un parcours de soins et d’accompagnement personnalisé » propose lui aussi un type d’accompagnement diversifié faisant appel à différents dispositifs dont l’ITEP coordonne les actions autour d’un enfant. L’ITEP cherche à ouvrir ses murs, à assouplir et à coordonner les accompagnements variés qui s’ajoutent par conséquent au sien. C’est ce travail que nous souhaitons observer et déterminer ce qu’il change dans l’expérience social des jeunes ainsi accompagnés

 

Perspectives :
En se posant la question de l’existence d’un projet commun à un ensemble de dispositifs, de la participation réelle des usagers, ainsi que celle de la coopération entre les différents groupes d’acteurs, cette étude cherche à percevoir les effets d’un tel type d’accompagnement sur les personnes en situation de handicap. Elle cherche par ailleurs à mesurer l’impact des professionnels en termes de qualité des soutiens.

Productions scientifiques et communications (Liste non exhaustive)

  • Dupont Hugo (2021), Déségrégation et accompagnement total, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble.

https://journals.openedition.org/rechercheformation/6689

 

  • Dupont Hugo (2021), « Les Unités d’enseignement externalisées : un outil d’accessibilisation de l’institution scolaire ? », in S. Ebersold, L’accessibilité ou la réinvention de l’école, Londres, ISTE Editions, pp. 185 à 203.

 

  • Dupont Hugo (2021), « Le dispositif d’orientation permanent ou l’accompagnement quel qu’il soit », in Eric Dugas et Lucas Sivilotti, Inclure dans et hors l’école ? Accessibilité, accompagnement et altérités, Louvain-la-Neuve, EME Editions, pp. 167 à 181.

 

 

 

 

 

  • Dupont Hugo (2018), « Le renouvellement des modalités d’accompagnement médico-social », Perspectives sanitaires et sociales, n° 258, pp. 50 et 51.

Equipes du projet

Coordonnateur :

DUPONT Hugo

Structure administrative de rattachement : Université de Poitiers

Laboratoire ou équipe : GRESCO

N° RNSR : 200415075Y

Vous êtes porteur/membre du projet et vous souhaitez faire une mise à jour ?

Dites-le nous !




    INSCRIVEZ-VOUS A NOTRE NEWSLETTER